L’enquête publique sur le décès de l’opposant russe Alexandre Litvinenko a repris mardi. Les auditions vont tourner autour de la question centrale du rôle de l’Etat russe dans la mort de cet homme, empoisonné à Londres en 2006.
Cette enquête, ouverte le 31 juillet dernier, a été suspendue par l’impossibilité d’examiner l’éventuelle responsabilité de la Russie, que Moscou a toujours niée. La plupart des audiences se dérouleront au cours des deux prochains mois à huis clos. Des membres des services secrets seront entendus et des documents confidentiels examinés. Le quotidien, « The Daily Telegraph », qui cite une source proche de l’enquête, évoque une « preuve centrale » que la mort d’Alexandre Litvinenko est une exécution commanditée par Moscou. Il s’agirait de communications interceptées par la NSA, l’agence de sécurité américaine, entre les personnes soupçonnées d’être impliquées dans l’empoisonnement d’Alexandre Litvinenko et leur chef à Moscou, peu de temps après le décès de l’opposant.
Ce dernier était un transfuge du FSB, les services de renseignements russes. Il avait reçu l’asile politique en Grande-Bretagne en 2001 après avoir déjoué un complot présumé du FSB contre l’oligarque russe Boris Berezovski, lui-même mort dans des circonstances non élucidées à Londres en mars 2013. Il était devenu citoyen britannique et collaborait avec les services des renseignements extérieurs britanniques du MI6, en tant que consultant. Le 1er novembre 2006, il avait bu un thé avec Andreï Lougovoï, un ancien agent du FSB aujourd’hui député et l’homme d’affaires Dimitri Kovtoun dans un hôtel londonien. Ses malaises, commencés le soir même ont conduit à son décès trois semaines plus tard. Des tests ont révélé un empoisonnement au polonium-210, une substance radioactive extrêmement toxique, ce qui fait d’Alexandre Litvinenko la première victime connue d’un assassinat radiologique.