Face à la persistance du flux ininterrompu des migrants, le Congrès des députés, la Chambre basse du Parlement espagnol, a adopté la semaine dernière « la Loi de sécurité citoyenne » qui prévoit désormais des reconduites à la frontière.
Cette loi est très controversée en Espagne, particulièrement à cause d’une de ses dispositions prévoyant de légaliser des pratiques telles que les reconduites à chaud. Elles permettraient à la police et à la garde civile des enclaves espagnoles de Ceuta et Melilla sur le territoire marocain de remettre aux autorités du Royaume chérifien les migrants juste après qu’ils ont posé le pied sur le sol espagnol.
Les autorités de ce pays estiment que les migrants entrent en Espagne lorsqu’ils franchissent le cordon policier et non pas quand ils passent les clôtures de Ceuta et Melilla. Cette pratique était jusque-là considérée comme contraire à la législation espagnole et aux normes européennes. Cette disposition a vu l’opposition de la gauche, les ONG de défense des droits de l’Homme et l’Eglise Catholique faire front commun pour l’annulation de cette décision. Ses détracteurs jugent cette conduite incompatible avec le droit à recevoir le conseil d’un avocat, à demander l’asile ou la protection spéciale due aux mineurs.
L’Espagne est le seul pays européen à avoir des frontières terrestres avec l’Afrique. Chaque année, ce sont des milliers de migrants africains qui tentent de franchir des clôtures toujours plus hautes, mieux équipées et plus dangereuses mais qui ne suffisent toujours pas à décourager les tentatives.
Le mouvement d’entrée des migrants estimés à 28000 personnes s’est intensifié sur le territoire espagnol, au cours des dix dernières années, malgré les investissements colossaux estimés par le journal El Pais à 140 millions d’euros sur les 15 dernières années.Le gouvernement espagnol espère plus que jamais une plus grande implication des institutions européennes dans ce dossier.