Par le biais d’une lettre adressée à la Commission de l’Union Européenne (UE), l’Allemagne a demandé à ce que Bruxelles renforce le contrôle sur les budgets nationaux de sorte à épingler les Etats qui ne se conforment pas aux règles européennes.
Datant du 20 octobre dernier, la fameuse lettre, signée par les ministres allemands des Finances et de l’Economie, respectivement Wolfgang Schäuble et Sigmar Gabriel, a été adressée à Pierre Moscovici, le nouveau Commissaire européen en charge des affaires économiques. Curieusement, cette correspondance a été envoyée le jour même d’une visite des ministres homologues français, Michel Sapin et Emmanuel Macron. Tout un symbole, bien que le document n’ait pas cité de pays de manière explicite. Ce n’est que lundi que l’hebdomadaire allemand d’investigations Spiegel a publié son contenu. Comme mentionné, celui-ci avait, entre autres, pour objectif de contribuer à « améliorer le semestre européen » tout en permettant à la Commission européenne d’examiner les politiques budgétaires des Etats-membres et, si le besoin s’en fait sentir, formuler quelques recommandations.
Plus concrètement, les deux ministres allemands proposent, en premier lieu, de politiser le semestre européen. Ils souhaitent que les chefs d’Etat et de gouvernement prennent part au débat sur la nécessité des réformes. Pour l’heure, ces discussions se déroulaient entre un Commissaire européen et un ministre du Budget. De deux, que le débat entre Bruxelles et un Etat-membre ne se déroule plus au siège de la Commission européenne mais plutôt dans l’Etat incriminé et qu’il ne concerne pas que le ministère des Finances. L’idée de l’Allemagne consiste à élargir cette discussion aux parlements nationaux et partenaires sociaux. Les deux ministres allemands ont également préconisé que la Commission européenne fasse un nombre réduit de recommandations de sorte à assurer un meilleur suivi et d’astreindre les Etats concernés à un échéancier précis.
Dans le même cadre, les mêmes autorités soutiennent que Bruxelles mette en application les mécanismes des fonds structurels et d’investissement européens en cas de non-respect des engagements par un Etat. Autrement dit, celui-ci n’aura plus accès aux financements européens. Schäuble et Gabriel ont proposé à la Commission européenne de mettre en vigueur ces dispositions dès janvier prochain.