Le chef du gouvernement espagnol Mariano Rajoy devrait profiter du sommet de l’Union européenne cette semaine pour exprimer au président François Hollande sa désapprobation de la politique énergétique française qui prive l’Espagne de débouchés pour sa production d’énergies renouvelables.
La France est réticente à mettre en place des lignes à haute tension de distribution électrique, à travers la chaîne de montagnes des Pyrénées, qui traverseraient sa frontière avec l’Espagne. Paris justifie sa position par un souci de préserver l’environnement de ce paysage pyrénéen. Mais pour Madrid il ne s’agirait que d’une mesure protectionniste dont le but serait de protéger l’industrie nucléaire française.
L’accès au marché britannique est également délicat du fait que le moyen le plus pratique pour les énergies renouvelables espagnoles d’y accéder est via un câble sous-marin de près de 900 kilomètres dont le coût est estimé à 2.5 milliards d’euros, un montant que le pays peut difficilement se permettre en ces temps de crise économique. Selon le Financial Times, les énergies renouvelables espagnoles afficheraient un excédent de production qui se retrouve gaspillé faute de débouchés.
Pour corriger la situation, l’Espagne souhaite voir le Conseil européen obliger les pays membres à mettre en place des infrastructures permettant d’échanger 15% de leurs capacités de production nationales avec leurs voisins. L’Espagne, avec le soutien du Portugal, devrait menacer, lors du sommet qui doit se dérouler jeudi à Bruxelles, de bloquer l’adoption du paquet Climat 2030 dans le but de forcer les 28 à financer la connexion des différents réseaux de distribution d’électricité. Le paquet Climat 2030 doit permettre à l’Europe à l’horizon 2030 d’économiser jusqu’à 40 milliards d’euros par an grâce à une diminution des gaspillages par une optimisation des ressources énergétiques du continent et leur distribution.