En visite à Berlin en fin septembre et à Londres lundi dernier, le Premier ministre français Manuel Valls a laissé entendre une révision du régime français d’assurance chômage, jugeant celui actuellement en vigueur plus protecteur et généreux que celui de ses voisins européens. Ce système expliquerait le taux élevé de chômage en France.
Pourtant, la réalité est loin d’être aussi simple. Tout d’abord, la comparaison des systèmes de prise en charge des chômeurs en Europe est des plus complexes à cause de la multiplicité des variables (critères de prise en charge, montant, durée, dégressivité ou non de l’indemnisation, obligations du demandeur d’emploi, …) que chaque pays assaisonne à sa propre sauce. Mais même dans cette complexité, la générosité du système français n’est pas si flagrante. Contrairement à la plupart des pays européens, le calcul de l’allocation en France est très complexe car modulée selon le niveau de l’ancien salaire du demandeur d’emploi qu’on appelle salaire de référence. Si ce système a l’avantage de garantir aux plus bas revenus une meilleure indemnisation, il est moins avantageux pour les salaires supérieurs à 2 000 euros. Un ancien salarié qui touchait 1 000 euros par mois percevra 75% de ce salaire en allocations contre 56% pour celui qui touchait 2 500 euros.
Ce que les « salaires élevés » en France perdent dans ce système par rapport aux autres pays européens, ils le récupèrent dans la durée. En France, le montant de l’indemnisation reste le même pendant toute la durée de l’indemnisation tandis qu’il est dégressif au fil des mois dans plusieurs autres pays européens. Les chômeurs en France bénéficient également d’un plafond élevé pour le salaire de référence à partir duquel est calculé le montant de l’indemnisation ainsi que d’un montant maximum d’indemnisation plus élevé par rapport à ses voisins.