La Russie cherchait depuis longtemps à faire un retour au Proche Orient, ce qui explique pourquoi Moscou a sauté sur l’occasion qui lui a été offerte par le nouvel homme fort de l’Egypte, le général Sissi, dont le revirement représente un évident signal de mécontentement envoyé à l’administration Obama.
L’événement était assez inhabituel pour alerter la maison blanche, qui voit dans la visite sans précédent depuis plus de 40 ans des ministres russes des affaires étrangères et de la défense au Caire, une manœuvre du général Sissi. Pour Washington, la démarche de l’homme fort de l’Egypte n’est qu’une tactique visant à infléchir la position distante, voire suspicieuse, des Etats Unis à l’égard du nouveau pouvoir qui a renversé le président islamiste Mohamed Morsi.
Pourtant, russes et égyptiens paraissent déterminés à asseoir leur coopération sur des bases solides, particulièrement dans le domaine militaire qui était jusque-là la chasse gardée américaine en Egypte. Un point que le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov a tenu à souligner en affirmant que les entretiens egypto-russes ont porté sur la coopération militaire bilatérale. Des contrats d’armement de 2 milliards de dollars seraient dans le pipe, ce qui serait une première depuis les années 60 au plus fort des relations entretenues à l’époque par le président Nasser avec Moscou.
Ultime pied de nez adressé à Washington, Lavrov a tenu à préciser que Moscou était opposée à « toute ingérence dans les affaires intérieures » de l’Egypte. Ce qui explique encore plus la donne pour les Etats Unis, c’est la décision de la Maison Blanche de geler en partie son aide militaire traditionnelle à l’Egypte. Ce gel partiel a provoqué non seulement le mécontentement du Caire, mais également celui de l’Arabie Saoudite, l’autre puissant allié des Etats unis dans tout le Moyen orient.
Les informations fuitées par Riyad sur son intention d’opter pour des achats massifs d’armements russes est, dans ce sens, une première absolue. Les saoudiens, à l’instigation de l’influent chef des services du renseignement le prince Bandar Bin sultan, envoient ainsi un double message à Washington: les américains doivent abandonner leur doctrine consistant à encourager l’accession des islamistes au pouvoir dans les pays arabes comme ils l’ont fait pour les Frères musulmans en Egypte. En même temps, Washington doit cesser son rapprochement accru avec l’Iran de Hassan Rohani, le grand rival de l’Arabie Saoudite dans la région.
3 comments
ça s’annonce amusant, on va assister à une nouvelle guerre froide 2.0
ce seront les peuples de la région qui vont payer, comme toujours
Les russes n’ont jamais quitté la région. Ils font seulement le profile bas depuis l’éclatement de l’ancienne Union Soviétique (URSS) tout en préparant un retour en force sur l’échiquier géostratégique international. Pour preuves il suffit de méditer les résultats du bras de fer entre les puissances occidentales les USA en tête, et l’Iran et la Syrie qui jouissent du soutien politique et militaire inconditionnel de Moscou.