Le couvre-feu en vigueur dans plusieurs grandes villes du pays et l’état d’urgence proclamé pour une durée d’un mois ont permis un retour au calme après la journée sanglante d’affrontements le mercredi, provoqués par l’évacuation des partisans des Frères musulmans. Mais ce calme pourrait bien être remis à mal aujourd’hui même alors que les islamistes appellent à de nouvelles manifestations.
Malgré des violences qui ont choqué l’ensemble de la communauté internationale, les belligérants campent sur leurs positions. A la volonté des Frères musulmans de poursuivre les manifestations, la police et l’armée répondent qu’ils n’accepteront aucun nouveau sit-in des partisans de Mohamed Morsi. L’armée a pris le contrôle des deux places du Caire que les pro-Morsi ont occupé pendant un mois et demi. Des policiers et des soldats aidés de civils armés de bâtons et de machettes ont patrouillé pendant la nuit, fouillant les voitures et vérifiant l’identité des passants. L’état d’urgence permet à l’armée de procéder à des arrestations et à des détentions illimitées. Le pays, comme la communauté internationale, a des craintes sérieuses et fondées de voir les violences de mercredi se reproduire.
L’évacuation mercredi des partisans des Frères musulmans décidée par les autorités égyptiennes de transition a débouché sur un bain de sang. Des bulldozers, des grenades lacrymogènes et des tirs à balles réelles ont été utilisés. Un bilan indépendant est encore impossible puisque beaucoup de zones sont encore inaccessibles aux journalistes, mais selon le gouvernement 370 personnes ont été tuées dans tout le pays, dont 327 civils et 43 policiers. Les Frères musulmans de leur côté parlent de 2 200 victimes. Les condamnations de ces violences ont fusé d’un peu partout à travers le monde et le vice-président et Prix Nobel de la paix Mohamed El-Baradei a annoncé avoir présenté sa démission car « il n’assume plus la responsabilité de décisions avec lesquelles il n’est pas d’accord ».