Le tribunal de Silivri à proximité d’Istanbul vient d’ouvrir une audience pour le jugement des putschistes présumés contre le gouvernement islamo-conservateur de l’AKP mené par Recep Tayyip Erdogan, au pouvoir depuis 2002. Plusieurs centaines de manifestants, en majorité de l’opposition laïque, se sont rassemblés à cette occasion pour protester contre ce qu’ils considèrent comme une tentative du gouvernement pour faire passer au second plan les critiques dont il est l’objet.
Le verdict de cette audience doit clore le jugement de ces putschistes présumés commencé en octobre 2008. Malgré les interdictions de rassemblement décidées vendredi par le gouverneur de la province d’Istanbul, 200 manifestants étaient présents aux alentours du tribunal de Silivri pour le début de cette audience. Plusieurs autres manifestants en provenance de plusieurs villes du pays n’ont pu être présents après que leurs bus aient été arrêtés dès dimanche soir et confisqués par la police. Les routes permettant d’accéder au tribunal étaient bloquées ce lundi matin encore par quelques centaines de policiers anti-émeutes. Seuls les prévenus, les avocats, des parlementaires et des journalistes ont pu accéder au tribunal.
La liste des accusés écroués depuis 2007 compte plusieurs dizaines de personnes assimilées à un réseau baptisé Ergenekon. Ce réseau est accusé d’avoir tenté de favoriser un coup d’Etat militaire en semant le chaos dans le pays par des attentats et opérations de propagande. Parmi les accusés se retrouvent aussi bien des généraux, tel que le général et ancien chef d’état-major de l’armée turque Ilker Basbug, des journalistes que des chefs de la pègre. 64 de ces présumés putschistes, qui doivent selon l’acte d’accusation répondre du crime de tentative de renversement de l’ordre constitutionnel par la force, encourent de lourdes peines dont la prison à vie.