Décidément, ce que l’occident appelle « printemps arabe » n’est pas encore à terme. Alors que tout le monde ne se focalisait plus que sur le cas de la Syrie, le retour des tensions en Egypte a ravivé la flamme turque et la crainte d’une contagion du mouvement en Turquie devient palpable.
La chute de Mohamed Morsi a été une symbolique forte pour les populations et l’armée turque. Aussi, le fait que l’occident n’ait pas condamné ce coup de force de l’armée puisant légitimité sur le soulèvement populaire inquiète sérieusement Ankara qui qualifie l’acte de coup d’Etat militaire. La classe politique du pays est globalement d’accord sur cette position et soutient encore le président déchu de la plus vielle civilisation du monde connu. Cette insistance sur la qualification de coup d’Etat militaire ainsi que l’appel à l’inversion du processus en Egypte ne constituent pas seulement l’expression d’un vœu pieux à l’intension de Mohamed Morsi. Il s’agit également d’un message clair destiné au leader de la manifestation populaire du pays et ceux de l’armée.
Les rassemblements comme ceux de la place Taksim deviennent de plus en plus fréquent et les autorités les dispersent avant qu’ils ne prennent de l’ampleur. En plus de ce risque de contagion de soulèvement populaire, la Turquie doit faire face à une crise monétaire qui pourrait peser lourdement sur son économie. La monnaie turque est en perte de vitesse depuis plusieurs semaines et les interventions de la Banque centrale sur le marché n’y change pas grand chose. Depuis, elle a déjà injecté sans succès plus de 5 milliards de dollars sur le marché, généralement en vendant ces devises sur le marché de change.
Par ailleurs, les analystes turques s’inquiètent quant à l’issue de la situation actuelle. Les manifestants devraient bien observer les conséquences de ces soulèvements en Tunisie, en Egypte, en Lybie et en Syrie avant de se radicaliser et faire la même chose chez eux.