Onze ans après son installation en marge du système judiciaire et pénitentiaire des Etats-Unis, la prison de Guantanamo continue d’accabler l’exécutif américain alors que les voix s’élèvent de partout pour exiger du président Obama de tenir sa promesse électorale de fermer ce centre de tous les abus.
En tout, 25 ONG américaines et internationales de défense des droits humains ont adressé une lettre ouverte au président américain. La dernière dénonciation en date est venue du groupe Constitution Project. Cette organisation indépendante a demandé la fermeture de la terrible prison, conçue pour enfermer des prisonniers spéciaux contre lesquels aucune charge précise n’est retenue. L’organisation estime totalement arbitraire la détention illimitée pratiquée par les Etats-Unis contre les 166 personnes qui sont encore prisonnières à Guantanamo sans procès ni inculpation. Constitution Project condamne également l’alimentation de force de nombreux détenus qui observent actuellement une grève de la faim. Une centaine des détenus, la plupart faits prisonniers en Afghanistan dans la foulée des attentats du 11 septembre 2001, participent à ce mouvement de grève pour protester contre leur détention illimitée. Plusieurs grévistes sont nourris de force, une pratique dénoncée par les ONG de défense des droits humains. Désespérés, une soixantaine de détenus se sont révoltés samedi dernier, provoquant l’intervention des gardiens qui ont tiré des balles non létales contre les prisonniers. « Il est indiscutable que les Etats-Unis se sont livrés à des actes de torture » dans cette prison, insiste le rapport établi par le groupe Constitution Project.
Les rédacteurs du rapport qui se sont basés sur des entretiens avec des responsables américains et d’anciens détenus, épinglent l’administration Bush, mais aussi l’actuel locataire de la Maison Blanche. Devant le tollé général provoqué par le maintien de cette prison en dehors de toute légalité, le président Obama s’était engagé en janvier 2009 à fermer Guantanamo dans « une année ». Une promesse restée sans suite depuis. Le désespoir a même poussé sept détenus au suicide depuis 2006.