Trois mois après son intervention au Mali, la France a retiré, début avril, une centaine de ses soldats à l’issue d’une vaste campagne de ratissage qui a mis en déroute les groupes jihadistes se réclamant d’Al Qaida. Toutefois, Paris reste sur ses gardes et le gros des 4000 militaires français ne devrait pas quitter les lieux avant l’arrivée des Casques bleus.
Le retrait symbolique de quelques dizaines de soldats français permet surtout au président français d’échapper au feu des critiques qui l’accusent de nourrir des ambitions néocolonialistes. François Hollande s’était engagé à quitter le Mali dès le mois de mars et ce retrait est un geste de bonne foi. D’un autre côté, le chef d’Etat français tient à ne pas se laisser enliser dans une guerre d’usure, comme les Etats-Unis en Afghanistan ou en Irak. Mais en même temps, les risques sont grands d’écourter la mission Serval malgré les succès réels remportés contre les groupes jihadistes. Car, si certaines régions du Mali ont été ratissées, la pression doit être maintenue dans le Nord du pays et dans la région de Gao où des opérations désespérées des jihadistes sont toujours à craindre, selon les militaires français. Jean-Yves Le Drian, le ministre français de la défense, l’a d’ailleurs confirmé. Un millier de soldats resteront sur place jusqu’à la fin 2013. Toutefois, une réduction même graduelle du nombre de militaires français devrait être compensée par une présence équivalente de matériels aériens, le rôle des avions et des hélicoptères ayant été déterminant dans les lourdes pertes subies par Aqmi, Ansar Dine et le Mujao.
L’armée tchadienne a été d’un grand secours dans la récupération du Nord Mali, comme d’ailleurs certaines unités maliennes qui ont préservé leur combativité. Mais la situation reste assez précaire pour que Paris songe à se désengager avant le mandat de l’ONU qui confiera aux forces africaines actuelles la Mission du maintien de la sécurité au Mali. Le Conseil de sécurité s’apprête, courant avril, à voter une résolution dans ce sens. Et ce n’est qu’à partir de ce moment là que Paris se sentira soulagée, en se désengageant des premières lignes pour ne laisser que quelques dizaines de conseillers militaires sur place.