Le Premier ministre turc, Recep Tayyip Erdogan, directement touché par le scandale de corruption qui a éclaboussé son Parti Justice et Développement (AKP-islamiste), et certains de ses proches collaborateurs, est déterminé à faire le grand ménage chez la polie et les magistrats.
Une vingtaine de personnes sont actuellement poursuivies notamment pour corruption, fraude et blanchiment d’argent, dont les fils de deux ministres démissionnaires, le PDG de la banque publique « Halkbank » et plusieurs chefs d’entreprises.
Erdogan prend au sérieux cette affaire surtout qu’elle éclate à la veille d’importantes échéances électorales, les municipales prévues en mars et les présidentielles en août de cette année. Il accuse la puissante confrérie Fethullah Gülen, qui était longtemps l’allié de l’AKP et qui compte de nombreux fidèles dans les rangs de la police et de la justice, d’être derrière le scandale de corruption. Erdogan affirme que la confrérie a voulu le déstabiliser en instrumentalisant une vaste enquête sur l’affaire de corruption, provoquant une crise politique majeure dans le pays.
Recep Tayyip Erdogan ne s’est donc pas contenté d’opérer un remaniement au sein de son gouvernement, mais il a ordonné une vaste purge dans les rangs de la police et de la magistrature.
Le gouvernement islamo-conservateur veut ainsi épurer la police et la justice d’éléments fidèles à la confrérie religieuse appelée « Hizmet » (service), conduite par le prédicateur Fethullah Gülen qui vit aux Etats-Unis.
Depuis le début du scandale qui a éclaté le 17 décembre dernier, pas moins de 700 policiers, dont des officiers supérieurs ont été mutés ou démis de leurs fonctions.
Le corps de la justice n’a pas été non plus épargné. Le gouvernement Erdogan, a déjà placé dans sa ligne de mire, l’une des principales institutions judiciaires du pays, le Haut conseil des juges et procureurs (HSKY). Celui-ci avait annoncé sa volonté d’enquêter sur les « pressions » et intimidations exercées sur les magistrats chargés de ce dossier, mais l’AKP s’est empressé de déposer au parlement, un projet de loi spécialement concocté pour limiter les pouvoirs du HSKY. Le nouveau ministre de la Justice, Bekir Bozdag, promet de son côté, de s’opposer à l’enquête du HSKY.
Le scandale politico-financier a déjà fait beaucoup de dégâts dans le pays. D’ailleurs, les officiels turcs ne cachent pas l’ampleur de l’impact économique négatif de cette affaire, estimant à plus de 100 milliards de dollars les pertes de l’économie turque suite à ce scandale.
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