L’Egypte semble évoluer vers un avenir aux conséquences imprévisibles en raison de l’immixtion de l’armée dans la gestion politique du pays.
Une escalade sans précédent est née au lendemain du coup de force militaire contre le président islamiste, Mohamed Morsi, dont le parti a remporté haut la main les élections du printemps 2012 avant d’être déchu.
Les observateurs craignent une réédition des « années de braise » qui ont ensanglanté l’Algérie à partir de décembre 1991, quand le gouvernement en place appuyé par l’armée nationale populaire (ANP), annula immédiatement les élections après les résultats du premier tour, anticipant une victoire du Front islamique du salut (FIS). L’équipe dirigeante en place à cette date, craignait de perdre définitivement le contrôle du pays avec l’émergence d’une république islamique.
La situation en Egypte, relève les spécialistes des questions sécuritaires, semble prendre la même trajectoire qu’en Algérie, où la guerre civile ayant opposé pendant une dizaine d’années, les forces de l’ordre (police et armée) à divers groupes de guérilla islamiste armée (GIA et MIA). Selon les estimations non officielles, cette guerre avait fait entre 60 et 150.000 morts outre des milliers d’arrestations et de disparitions forcées, près d’un million de personnes déplacées, des dizaines de milliers d’exilés et plus de vingt milliards de dollars de dégâts partis en fumée.
L’intervention musclée de l’armée et de la police égyptiennes au Caire pour disperser les manifestants qui occupaient la place Rabaa al-Adawiya depuis près de 45 jours, réclamant le retour du président islamiste Mohamed Morsi démocratiquement élu, a fait durant la seule journée de mercredi, près de 280 morts et des centaines de blessés dans les deux camps. Ce bilan encore provisoire, pourrait être probablement bien plus élevé.
La présidence a décrété de nouveau l’état d’urgence, précisant que des couvre-feux seront imposés de 19 h (17 h GMT) à 6 h (4 h GMT) jusqu’à nouvel ordre au Caire et dans onze autres provinces.
Après avoir repris le contrôle des deux places du Caire, l’armée a mis en garde les pro-Morsi, qu’elle n’accepterait aucun nouveau sit-in dans le pays.
Mais, ces mesures dissuasives n’ont pas, pour autant, empêché les actes de violence et de confrontation de s’étendre au reste du pays. Les observateurs craignent le pire avec toutes les armes libyennes qui circulent librement dans la région depuis la chute du régime de Mouammar Kadhafi et qui risquent d’embraser toute l’Egypte si jamais elles tombent entre les mains des manifestants opposés à l’armée.
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