En Egypte, l’armée a enfin fait entendre sa voix sommant les responsables politiques de trouver rapidement une sortie à la grave crise politique qui déchire le pays, tout en se disant prête à faire appliquer sa propre « feuille de route » le cas échéant.
Le général Abdelfatah Al-sissi, ministre de la défense et chef d’état-major de l’armée a donné lundi 48 heures aux responsables politiques pour « satisfaire les demandes du peuple ». Une injonction qui intervient après les manifestations géantes du mouvement Tamarrod (rébellion) dimanche, exigeant la démission du président islamiste Mohamed Morsi, élu il y a exactement une année. Sans demander explicitement la démission du président, le général Al-sissi a déclaré à la télévision que le peuple s’est exprimé à travers les centaines de milliers de manifestants descendus dans les rues des villes égyptiennes. L’armée a donc décidé de retrouver sa place d’acteur incontournable de la vie politique qu’elle occupait en Egypte depuis plus d’un demi-siècle. Un revirement qui était attendu, vu la forte polarisation des derniers jours entre partisans et opposants au président. La situation devenait dangereuse, voire intenable. Les affrontements ont fait quatorze morts et des centaines de blessés selon des bilans encore provisoires, alors que le pays est menacé de paralysie.
L’exacerbation des tensions entre les deux camps s’aggravait depuis plusieurs semaines. Au point qu’Al Azhar, la principale autorité de l’islam sunnite en Egypte, a exprimé ses craintes d’un glissement du pays vers la guerre civile. Lundi, cinq ministres ont présenté leur démission. De son côté, l’opposition libérale et laïque, galvanisée par le succès de sa pétition réclamant la démission d’un président aux abois, exige désormais le départ de Morsi sous 24 heures.
Passé le délai du mardi 2 juillet à 17H locales, Tamarrod menace de proclamer la « désobéissance civile totale ». Une situation d’urgence qui a décidé l’armée à reprendre du service après une éclipse de deux ans et demi, consécutive à la chute de Moubarak en février 2011.