La guerre civile en Syrie ne cesse pas de faire des dégâts collatéraux dans son voisinage. La sanglante attaque terroriste de samedi en Turquie dévoile la dangereuse tendance du conflit à déborder les frontières syriennes.
Le double attentat à la voiture piégée a fait 46 morts dans la petite ville turque de Reynhali, proche de la frontière syrienne. Les autorités turques y ont aussitôt vu la main du régime de Bachar Al Assad, ce que Damas a vivement démenti. Et à peine 24 heures après l’attentat meurtrier, Ankara a annoncé l’arrestation de neuf turcs, présentés comme responsables de l’attaque en lien avec les services de renseignements syriens. Dans ce jeu de la mort où les civils sont les principales victimes, Damas et Ankara se rejettent la responsabilité de l’impasse du conflit. Le Premier ministre Recep Tayyip Erdogan a appelé à ne pas laisser le régime de Bachar Al Assad « entraîner la Turquie dans le bourbier syrien». Enfonçant le clou, son ministre des affaires étrangères, Ahmet Davutoglu a critiqué le « silence » de la communauté internationale et l’inaction de l’Onu. Des accusations auxquelles Damas répond en accusant la Turquie de chercher à faire « échouer » le dernier rapprochement diplomatique intervenu entre Washington et Moscou. L’objectif du Premier ministre turc, selon Damas, est de provoquer l’intervention des Etats-Unis dans le conflit syrien.
Après l’échec des accusations sur l’utilisation d’armes chimiques par le régime syrien, ce double attentat vise à avorter le retour de la Russie au cœur du conflit syrien, selon Damas. Un retour qui a été rendu possible par les hésitations des Occidentaux et la confirmation du rôle prépondérant des islamistes extrémistes, voire d’Al Qaïda, dans le conflit. D’ailleurs, les médias turcs n’hésitent plus à pointer le rôle d’Ankara dans la guerre civile syrienne, qui a fait en un peu plus de deux ans, quelque 80.000 morts et des millions de réfugiés et de déplacés. Pour le quotidien Cumhurriyet, le « massacre (de Reyhanli) est le produit des politiques belliqueuses du pouvoir », alors que le journal Milliyet accuse Ankara d’être devenu « partie prenante dans cette guerre civile en soutenant directement l’opposition ».
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