Les Tunisiens retiennent leur souffle face à la crise politique aiguë provoquée par l’assassinat, le 6 février, de l’opposant Chokri Belaïd et l’aggravation des clivages sur la formation d’un nouveau gouvernement.
Dans ce climat de tous les dangers, le premier ministre islamiste Hamadi Jebali cherche à former un cabinet de technocrates afin de s’affranchir de l’influence des partis. La tâche est toutefois loin d’être aisée, Jebali devant faire face à de fortes résistances ? D’abord à l’intérieur de son propre parti, Ennahda. Mais le premier ministre reste déterminé à former une équipe apolitique. Pour lui, c’est le seul moyen pour préparer des élections en mesure d’éviter au pays de sombrer dans le désordre, deux ans après la chute du régime Ben Ali. « Samedi (16 février), j’annoncerai la composition du gouvernement et si elle est rejetée, j’irai présenter ma démission au président de la République », a tranché un Jebali visiblement décidé à ne pas se laisser impressionner par ses adversaires. Dans ce bras de fer politique, le premier ministre est soutenu par l’opposition laïque et le parti Ettakatol du président de l’Assemblée nationale constituante. Pourtant, Ettakatol fait partie, avec la formation majoritaire Ennahda et le Congrès pour la République (CPR) du président de la république Moncef Marzouki, de la Troïka au pouvoir. Surtout, Hamadi Jebali bénéficie du soutien du puissant syndicat UGTT (l’Union générale tunisienne du travail).
En revanche, l’hostilité à un gouvernement formé exclusivement de technocrates reste forte. En plus d’Ennahda qui ne veut pas perdre sa position de parti majoritaire, le CPR du président de la république et d’autres petites formations penchent pour un cabinet mixte, comprenant à la fois des politiques et des technocrates indépendants.
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