Il a fallu d’une petite visite médiatisée de l’ambassadeur de France à Tunis, au Syndicat national des journalistes tunisiens, pour qu’un incident diplomatique éclate au grand jour. Le chef de la mission diplomatique française, François Gouyette s’est aventuré à rendre au Syndicat national des journalistes tunisiens (SNJT), une visite qui a pris le teint d’un soutien aux journalistes tunisiens qui observaient une grève 17 octobre, contre la pression du gouvernement islamiste sur les médias publics et privés. Le diplomate français a été aussitôt convoqué au ministère tunisien des Affaires étrangères où des explications lui ont été demandées. L’affaire ne s’est pas arrêtée à ce stade, mais le chef de la diplomatie tunisienne, Rafik Abdessalem a mis en garde François Gouyette en lui signifiant qu’il y a une ligne rouge à ne pas franchir «celle de s’immiscer dans les affaires intérieures » du pays.
Et le ministère de préciser que Gouyette a tenu à rassurer le ministre que ses propos avaient été déformés par la presse locale et qu’il n’était « pas dans ses prérogatives diplomatiques de s’ingérer dans les affaires intérieures du pays hôte ». Réagissant à cet incident, l’ambassade de France a expliqué dans un communiqué publié deux jours après, que Gouyette s’était effectivement rendu le 16 octobre 2012 au siège du SNJT, « afin de témoigner l’attachement de la France à la liberté de la presse et des journalistes, qui figure parmi les valeurs universelles sur lesquelles se fondent désormais les relations entre la France et la Tunisie ». Depuis son arrivée en Tunisie il y a un mois, explique le communiqué, l’ambassadeur a eu plusieurs rendez-vous avec les membres du gouvernement, les acteurs politiques, les décideurs économiques et les représentants de la société civile, dont la Ligue tunisienne des droits de l’homme (LTDH). Malgré cet incident, François Gouyette envisage toujours, selon la même source, de poursuivre ses contacts avec les différentes composantes de la société civile tunisienne. Depuis des mois, les médias publics observent des mouvements de protestation accusant le pouvoir postrévolutionnaire de chercher à contrôler leur ligne éditoriale à travers entre autres, la nomination de directions subordonnées aux autorités.