Le gouvernement algérien utilise la publicité, l’impression et la distribution comme moyens de pression contre les journaux indépendants qui se montrent trop criques à l’endroit du pouvoir.
C’est l’un des constats établis par la mission d’observation électorale de l’Union européenne lors des législatives algériennes du 10 mai dernier.
Dans son rapport, la mission européenne relève que les autorités algériennes conservent un monopole sur l’impression et la diffusion de la presse, précisant que le gouvernement n’hésite pas à utiliser l’octroi de la publicité et la perception des frais d’impression comme une arme de pression contre les publications qui se montrent trop critique envers les autorités.
Dans son rapport final rendu public dimanche lors d’une conférence de presse à Alger, la mission des observateurs européens précise qu’hormis les quotidiens « El Khabar » et « El Watan » qui ont fondé une société indépendante d’impression, les autres journaux algériens sont encore imprimés dans les imprimeries nationales.
Le monopole sur la publicité du gouvernement algérien représente également une autre arme de pression pour dissuader les publications indépendantes d’adopter un accent critique ou virulent envers le pouvoir en place à Alger. Se référant à de nombreux témoignages, les auteurs du rapport signalent que l’Agence nationale de l’édition et de la publicité (ANEP) distribue la publicité des administrations et des entreprises publiques sur la base du degré de complaisance des journaux envers le pouvoir et de leurs lignes éditoriales.
S’agissant de la liberté d’expression, le rapport des observateurs européens explique dans la partie consacrée aux médias, que bien la censure n’existe plus officiellement dans le pays, la législation prévoit encore des sanctions particulièrement sévères contre les publications et leurs journalistes pour diffamation ou outrages contre les institutions publiques. Pour éviter de telles sanctions, les médias algériens pratiquent souvent l’autocensure. Pour être plus explicite, le gouvernement pratique à l’égard de la presse nationale qui se veut très ouverte, la politique de la carotte et du bâton. Pour éviter de fermer boutique, les médias optent souvent pour la carotte.