Après leurs dernières sorties controversées, les généraux égyptiens semblent revoir leurs prétentions à la baisse, avec la décision annoncée lundi, de remettre le pouvoir au président élu à la fin du mois. Ceci, au moment où l’islamiste Mohamed Morsi et son adversaire Ahmed Chafik, l’apparatchik du régime Moubarak, revendiquaient chacun la victoire au scrutin présidentiel. Les résultats officiels du vote ne devraient pas être annoncés avant jeudi. Mais d’ores et déjà, les deux camps crient victoire avec un écart de 2 points.
Des résultats serrés qui illustrent le profond clivage qui prévaut actuellement en Egypte. D’une part, Mohamed Morsi a ratissé large dans les couches populaires et les islamistes, promettant de rompre définitivement avec la corruption du régime déchu. De l’autre, Ahmed Chafik qui bénéficie du soutien de l’armée, a reçu l’appui tardif de catégories entières de la société, déçues par la dérive de la révolution depuis plus de 16 mois. Dans ce contexte d’instabilité, le CSFA, le Conseil suprême des forces armées a publié dimanche, jour du vote, un décret annonçant le transfert du pouvoir législatif à l’armée. Ce décret est venu en complément de la décision, prise trois jours plus tôt par la Haute cour constitutionnelle, de dissoudre le parlement. Autant de décisions qui avaient fait monter la tension dans la rue, faisant craindre un retour des manifestations et de la violence de 2011. Et face à des généraux persévérants, les partisans de Morsi ont maintenu la pression au cours des derniers jours, menaçant de redescendre dans la rue. C’est dans le cadre de cet équilibre incertain qu’intervient l’annonce du CSFA de remettre le pouvoir au président élu à la fin de ce mois, tout en gardant le pouvoir législatif entre les mains.