La justice libyenne post-Khadafi a du pain sur la planche. Si les nombreuses demandes d’extradition émises par Tripoli à l’encontre des hauts dirigeants de l’ancien régime et des membres du clan Kadhafi, sont satisfaites, les juges libyens ne vont sûrement pas chômer. De nombreux hauts responsables et des membres de la famille de Mouammar Kadhafi ont fui le pays après la capture et l’assassinat de ce dernier. Mardi s’est ouvert dans un tribunal de la capitale, le procès de l’ancien chef des services de renseignements extérieurs, Bouzid Dorda qui était également représentant de la Libye à l’Onu durant une dizaine d’années et Premier ministre du régime déchu.
Il s’agit du premier procès d’un responsable de si haut rang depuis la chute de l’ancien régime en octobre 2011. Arrêté en septembre à Tripoli, Bouzid Dora qui plaide non coupable, est accusé notamment d’avoir donné ordre aux forces de sécurité extérieurs, de tuer des manifestants et de faire usage de balles réelles. Il est également accusé d’avoir formé à l’aide de sa tribu, une force armée « dans le but de déclencher une guerre civile et de commettre des agressions » et d’avoir commis un « abus de pouvoir » en emprisonnant et en tuant des manifestants. « Je nie ces accusations qui sont contraires à ce que j’ai accompli durant la période des évènements », s’est défendu Dora qui portait la tenue bleue des prisonniers, et s’appuyait sur deux béquilles à cause d’une fracture à la hanche qu’il a contactée lors d’une tentative d’évasion de l’académie militaire à Tripoli. Cet établissement a été transformé provisoirement, par les nouvelles autorités, en un lieu de détention et de jugement des prévenus de l’ancien régime. A la fin de l’audience qui a duré une trentaine de minutes, le juge a décidé le report du procès au 26 juin, à la demande de l’avocat de Dorda, Me Daw al-Mansouri pour examiner le dossier de son client et préparer sa plaidoirie. Outre Seif Al-Islam, fils de Mouammar Kadhafi actuellement détenu en Libye, d’autres poids-lourds de l’ancien régime notamment Abdallah Senoussi, l’ex-chef de renseignements intérieurs et beau frère de Kadhafi et Baghdadi Mahmoudi, l’ancien Premier ministre qui ont été arrêtés respectivement en Mauritanie et en Tunisie. Leur extradition est réclamée par Tripoli et la Cour pénale internationale (CPI).