A une semaine des élections législatives en Algérie, les autorités continuent d’être assaillies par le doute. Le plus obsédant de tous est certainement la crainte d’un fort taux d’abstention. Malgré les assurances données par les responsables pour garantir des élections transparentes et honnêtes, les craintes d’un boycott massif des urnes persistent. Le président Bouteflika l’a répété pour la nième fois mardi, à l’occasion de la fête du Travail, en incitant les algériens à se rendre massivement aux urnes le 10 mai.
Pour le chef de l’Etat, l’issue de ces élections sera déterminante dans la mise en œuvre des réformes politiques annoncées en avril 2011. Ces réformes avaient été promises dans la foulée du mouvement de la rue algérienne consécutif au « Printemps arabe ». Le président Bouteflika assure que ces élections devraient prémunir l’Algérie de « toute convulsion ou agitation ou encore de la réédition de la tragédie nationale », en référence à la décennie de guerre civile qui a déchiré le pays dans les années 90. Dans les faits, le pouvoir en place fonde de grands espoirs sur ces élections pour regagner une certaine légitimité des urnes, au moment où le courant islamiste voit ses chances accroître. Toutefois, la plupart des partis démocrates se font peu d’illusion sur la mobilisation d’électeurs désabusés par les vaines promesses. Car la crise de l’emploi, et ses conséquences sociales sur les jeunes au chômage, ne fait que s’aggraver. Les jeunes comprennent d’autant moins la persistance de cette crise que le pays dispose de dizaines de milliards de dollars en devises, tirées de l’exportation des hydrocarbures. Plus généralement, de nombreux algériens confient que ces élections ne serviront à rien tant que la hiérarchie militaire continue de détenir, en coulisses, le pouvoir réel en Algérie.