A près d’un mois des élections législatives anticipées au Maroc, et au lendemain des élections tunisiennes où le parti Annhada (islamiste) aurait réussi une percée spectaculaire, une enquête d’opinion initiée par deux instituts français vient contredire
les rumeurs qui faisaient état d’une progression dans l’opinion publique des islamistes du Parti de la Justice et du Développement (PJD). Une fois encore, il semblerait que le Royaume Chérifien souhaite « cultiver sa différence » et que le discours islamiste peine à pénétrer l’opinion, malgré la vague médiatique qui laissait à penser qu’une majorité de sièges au parlement tendrait les bras au parti dirigé par Abdelilah Benkirane. En réalité, selon plusieurs spécialistes du Maghreb, plusieurs éléments viennent en appui de l’enquête d’opinion menée par Tendances Institut et l’Institut Thomas More, au premier rang desquels se trouve l’expérience de 2007, où le PJD était crédité de « 40 à 50% » des suffrages, là ou il ne réussit à récolter que 46 sièges au parlement, sur 325. D’ou viendrait alors cette surévaluation du score du PJD dans l’opinion et dans la presse marocaine ? Un début d’explication se trouve sans doute dans le rejet par la jeunesse de la classe politique du Maroc, quasiment dans sa globalité. C’est également l’une des conclusions de l’étude d’opinion menée par les deux instituts français. Paradoxalement, notent les experts, la jeunesse s’est remobilisée sur le terrain politique suite au printemps arabe, mais il semblerait qu’elle soit en attente d’un vent nouveau qui viendrait favoriser l’émergence d’une nouvelle classe politique plus jeune, moins corrompue et plus efficace . Bien que les résultats complets de cette étude d’opinion ne se seront rendus public que vers la mi-novembre, les grandes lignes en ont été dévoilées, les instituts souhaitant apporter un éclairage sur la situation au Maroc juste après le déroulement du scrutin tunisien, où les islamistes d’Annahda étaient crédités d’un bon score. Concernant la Tunisie, le seul élément qui était certain hier soir -et qui place la barre très haut pour des marocains qui doivent voter le 25 novembre- est le taux de participation, qui frôlerait les 90% , ce qui indique que les maghrébins ont soif de projet politique qui puisse les mobiliser, malgré la profusion de listes et de candidats.