Qui a ordonné de tuer Kadhafi ? C’est la question que se posent les observateurs au lendemain de la fin brutale du dictateur libyen. Le flot d’images qui a suivi l’annonce de la mort violente du despote libyen trahit manifestement un dessein occulte. Celui de présenter la mort de Mouammar Kadhafi comme étant un simple lynchage, le résultat fortuit de l’emportement de combattants ivres de leur victoire. Pourtant, les vidéos de la capture du despote après la chute du dernier carré de ses fidèles à Syrte, le montrent encore vivant.
Il se tenait sur ses pieds, titubant, le visage ensanglanté mais vivant. Pas de vidéo, toutefois, aucune image du moment fatidique, ni de l’auteur de l’ultime rafale qui a mis fin à l’existence agitée du dictateur. Les explications hésitantes données par le CNT (Conseil National de Transition) comme quoi il aurait été tué lors d’un accrochage entre les rebelles et les derniers fidèles du despote, n’ont pas réussi à convaincre grand monde. L’OTAN n’a pas convaincu non plus. En reconnaissant que des avions de l’Alliance ont effectivement arrêté le convoi de Kadhafi sans intervenir au sol, l’Organisation Atlantique n’a fait que rajouter à la confusion. Le contenu des réactions dans les principales capitales occidentales trahit aussi une volonté partagée de tourner rapidement et définitivement la page. Kadhafi vivant, cala signifierait un procès très long et, surtout, des révélations embarrassantes et très coûteuses politiquement pour de nombreux dirigeants. Personne ne semble prêt à rendre compte de la respectabilité acquise par l’ancien despote libyen auprès de personnalités occidentales de premier plan aux cours des dernières années de sa vie. Kadhafi vivant aurait aussi maintenu le doute en Libye, perpétué la dissidence et les divisions claniques. On ne peut prévoir l’issue d’une telle instabilité, surtout avec le déluge d’armements de toutes sortes qui circulent dans le pays. Finalement, la mort de Kadhafi arrangeait beaucoup de monde.