Le Front de Libération Nationale (FLN), l’une des trois principales formations au pouvoir en Algérie, est confronté à une vive contestation interne. Son secrétaire générale, Abdelaziz Belkhadem est le principal visé et à travers lui le président Abdelaziz Bouteflika. Le mouvement contestataire des réformistes ou «redresseurs » compte déjà 500 dissidents parmi les dirigeants et militants du parti, dont des députés, des sénateurs d’anciens ministres. Les réformistes qui sont menés par Salah Goudjil, ancien ministre des transports, ont réussi jeudi dernier, à tenir avec le consentement du ministère de l’intérieur, leur « conférence nationale » à Draria, sur les hauteurs d’Alger. Ils ont même eu droit à une protection policière contre les partisans de Belkhadem qui tentaient de les empêcher d’accéder à la salle des réunions.
Ce qui fait dire à certaines mauvaises langues, que le ministre d’Etat, Belkhadem serait lâché par son patron le président Abdelaziz Bouteflika qui est également le président d’honneur du FLN. Les réformateurs au sein du FLN reprochent notamment à Belkhadem de favoriser le clientélisme en maintenant dans les structures du parti, des personnalités dépassées par l’évolution du pays et de ne pas être à l’écoute des revendications de la jeunesse. Ils ont par ailleurs, vivement contesté les textes de loi relatifs au régime électoral, à l’incompatibilité entre mandats électifs et responsabilités et à la représentation des femmes dans les assemblées élues, sachant que ces mêmes projets de loi font partie des réformes politiques engagées par le président Bouteflika et soutenues par le FLN. Le Mouvement de « redressement» propose une autre plate-forme de réformes marquée par la limitation du passage à la présidence de la république à deux mandats, la séparation entre les pouvoirs du chef de l’Etat du Premier ministre. Ils exigent aussi, que les membres du gouvernement soient issus de la majorité parlementaire et que le Premier ministre soit auditionné chaque semaine par le parlement. Le FLN, un parti indépendantiste créé en 1954 contre la France coloniale et associé au pouvoir depuis 1962, est majoritaire à l’assemblée nationale. Il partage le pouvoir au sein de l’Alliance présidentielle créée en 2004 avec le Rassemblement national démocratique (RND) du Premier ministre Ahmed Ouyahia et le Mouvement pour la Société pour la Paix (MSP-islamiste). La fracture se confirme et se révèle chaque jour un peu plus grande à telle enseigne que des observateurs sur place, pensent que le glas a déjà sonné, annonçant l’imminence de la fin du règne des Abdelaziz qui ont longtemps occupé le palais Al Mouradia.