Depuis la chute du régime Moubarak, les tribunaux du Caire ne chôment pas. Les juges ont même du pain sur la planche. Alors que de grosses têtes du régime déchu commencent à tomber, la pression de la rue est de plus en plus forte sur le gouvernement transitoire en Egypte.
Les jeunes acteurs du printemps arabe réclament le jugement immédiat de l’ancien président Hosni Moubarak, de sa proche famille et de ses collaborateurs. Le Procureur général d’Egypte, Abdelmajid Mahmoud, vient de prolonger de nouveau pour 15 jours, la détention provisoire de Moubarak et de ses deux fils, Alaa et Jamal, poursuivis pour abus de « pouvoir et enrichissement illégal ». Selon le porte-parole du Parquet général, Adel El-Saïd, une équipe d’enquêteurs s’était rendue cette semaine à la prison de Torah au Caire, pour interroger Alaa et Jamal Moubarak sur la possession de terrains et de fonds en sus de leur intervention dans le programme du remboursement des dettes de l’Egypte et dans les transactions sur l’exportation du gaz naturel vers Israël. Sont également poursuivis pour corruption et dilapidation de deniers publics, dans le cadre de cette chasse aux sorcières, entre autres, les anciens présidents des deux chambres du parlement, Safouat Chérif et Fathi Sourour, du Premier ministre, Ahmed Nadif et du chef du cabinet de la présidence de la république, Zakaria Azmi. Deux poids lourds de l’ancien régime, les ministres de l’intérieur et du tourisme se trouvent déjà derrière les barreaux. L’ex-ministre de l’Intérieur Habib el-Adli, condamné à douze ans de prison le 5 mai pour malversations financières, est actuellement jugé pour avoir ordonné des tirs contre des manifestants. Son homologue du Tourisme, Zoheir Jarana, vient à son tour, d’écoper de cinq ans de prison pour corruption et dilapidation de deniers publics. Il est déclaré coupable d’avoir bradé des terrains publics au profit de deux hommes d’affaires, entraînant une perte de 51 millions de dollars pour le trésor publique. L’ex-Raïs fait l’objet d’une enquête sur la répression armée des manifestations et est soupçonné de corruption. Dans les prochains jours, le parquet doit annoncer si Moubarak, 83 ans, allait être jugé ou pas. Selon le ministre de la justice, l’ex-président risque la pendaison s’il est reconnu coupable d’avoir ordonné les tirs sur les manifestants.