Près de trois mois après le déclenchement du « printemps arabe », c’est paradoxalement d’Europe de l’est qu’est venue la première grande étude scientifique sur les mouvements qui caractérisent la tectonique sud-méditerranéenne, ainsi que sur le devenir des pays qui la composent.
A travers l’un des Thinks-Tank les plus proéminents d’Europe de l’est, L’Association pour les Affaires Internationales, basée à Prague (République Tchèque), une étude intitulée « la question changeante de la sécurité au Maghreb » analyse en profondeur les mouvements qui ont caractérisé la région, et pose la question du partage d’expérience entre une région du monde –L’Europe de l’est- qui a effectué sa révolution il ya vingt-deux ans, et le Maghreb, qui est en train de faire sa mue. Pour l’Association pour les Affaires Internationales, la question de la non-intégration régionale reste le facteur prédominant empêchant le développement économique et social du Maghreb, au même plan que le conflit du Sahara Occidental, qui empêche le rapprochement marocco-algérien. En filigrane, la rivalité et les projections de pusisance souhaitées par les deux puissances régionales constituent, selon le Think-Tank, une entrave majeure au développement de la région. Néanmoins, AMO fait la distinction entre le cas de l’Algérie et celui du Maroc, soulignant notamment que Mohammed VI, en annonçant de profondes réformes constitutionnelles le 9 mars, a enclenché une dynamique positive. Suite à ces annonces, la classe politique aussi bien que les acteurs de la société civile du royaume Chérifien se sont engagés dans un débat passionné -parfois viril- pour jeter les bases d’une véritable monarchie parlementaire dans le pays, constate l’AMO. A la différence de l’Algérie, cette résilience du Maroc à la crise serait en partie redevable aux réformes politiques, sociales et économiques entamées par le pays depuis une décennie. Cette ouverture-relative- a permis de « gérer de manière judicieuse et pondérée le mouvement de protestation des jeunes » lorsqu’il s’est produit, explique le Think-Tank européen. La réactivité acquise par les différents protagonistes leur a permis de mieux répondre aux nouveaux défis survenus, bien que beaucoup reste à faire, notamment au niveau des libertés individuelles et de la gestion de la relation entre les médias et le pouvoir, souvent tendues. Côté algérien, le rapport note l’évolution de la relation entre l’Etat et les islamistes, tout en précisant que la « religion et l’islamisme en Algérie sont sous contrôle strict des autorités ».