C’est dans un climat confus que s’est déroulée la journée de dimanche au Bahreïn, après que des manifestants aient tenté de marcher sur l’une des résidences de la famille royale aux abords de la capitale Manama, et ce alors que le secrétaire d’Etat américain à la défense, Robert Gates, achevait une visite dans le pays.
Au même moment, un autre groupe de manifestants tentait de bloquer l’accès au district financier, avant d’être dispersé par la police qui a utilisé des gaz lacrymogènes. Il semblerait que des instructions aient été données aux forces de l’ordre de faire usage d’armes non mortelles, à la différence de ce qui avait caractérisé les tentatives d’« évacuations » de la place de la perle du 17 Février. C’est vraisemblablement un signe que le nouvel homme fort de Bahreïn serait le prince héritier Salman ben Hamad Al-Khalifa, qui a été chargé par le roi Hamad de conduire le dialogue avec l’opposition depuis plusieurs semaines, le premier ministre Khalifa ben Salman al-Khalifa – oncle du roi et en poste depuis 41 ans – étant au cœur de la cristallisation de la colère des bahreïnis, et trainant plusieurs casseroles dans des dossiers de corruption. Plus jeune, plus ouvert, et surtout mieux accepté par l’opposition, Salman ben Hamad Al-Khalifa pourrait représenter une alternative crédible et réaliste pour sortir de l’impasse, alors que le conseil de coopération du golfe examinait ce dimanche la possibilité d’envoyer des troupes dans cet état à l’importance stratégique majeure en tant que dernier rempart face à l’influence iranienne. Abritant la cinquième flotte américaine, et en proie par le passé à de nombreuses tentatives de déstabilisation de la part de Téhéran, Bahreïn est aujourd’hui à la croisée des chemins et doit trouver le moyen de préserver sa stabilité sans pour autant fermer la voie du dialogue, prônée ce dimanche par le roi Hamad qui a appelé l’opposition à démarrer « au plus vite les négociations » . Plusieurs experts en sécurité estiment ce dimanche que seul le dialogue peut constituer une réponse à la crise, dans la mesure où l’Iran, elle-même en proie à une contestation intérieure de plus en plus forte, peut être tentée d’exporter une partie de ses problèmes en direction du Bahreïn afin de soulager son front interne. Il ya quelques semaines une première manœuvre de la part de Téhéran avait consisté à envoyer deux navires de guerre en Méditerranée, traversant le canal de suez dans un précédent historique, officiellement pour des « manœuvres ». ..