Après Amman, le Caire et Tunis, le sous-secrétaire d’Etat américain aux affaires politiques, William Burns a fait une brève escale à Alger, dans le cadre une mission top secret qui doit le conduire ensuite dans des pays d’Europe avant de s’achever par un passage au Maroc.
L’objet de cette tournée régionale n’a pas été révélé, mais il serait lié aux derniers développements intervenus dans plusieurs pays arabes et maghrébins et leur impact sur les intérêts stratégiques des USA. Si plusieurs pays arabes sont confrontés à l’effondrement en cascade de leurs régimes politiques, sous la pression des révoltes populaires, au Maghreb et plus particulièrement en Algérie et au Maroc, la Maison Blanche serait en train, selon des indiscrétions diplomatiques, de chercher un terrain d’entente entre Alger et Rabat, pour trouver une issue acceptable au conflit du Sahara Occidental. Dans une tentative de se repositionner sur la nouvelle carte géopolitique arabe, Washington serait tenté, selon les mêmes sources, par la normalisation des relations entre le Royaume chérifien, son allié traditionnel et l’Algérie, un partenaire économique stratégique pour les USA. Pour se faire, Burns devrait aller en Europe se concerter avec les dirigeants des pays traditionnellement alliés avec les deux pays maghrébins voisins. Ce qui corrobore encore plus ces indiscrétions diplomatiques, les deux entrevues qu’a eues jeudi à Alger, William Burns avec le ministre algérien des affaires étrangères Mourad Medelci et ensuite avec le président Bouteflika à la résidence Djenane El Mufti, se sont déroulées en présence du ministre délégué chargé des Affaires maghrébines et africaines, Abdelkader Messahel. Celui-là même qui d’habitude conduit la délégation algérienne aux négociations informelles sur le Sahara entre le Maroc et le Polisario. Aucun détail n’a filtré du côté officiel algérien, sur l’objet de ces entretiens, même si le numéro trois du département d’Etat américain, Burns s’est limité dans une brève sortie médiatique, aux relations bilatérales et à la situation en Algérie. Il a qualifié devant la presse locale, de « très positives », les mesures prises récemment par le pouvoir algérien concernant notamment l’emploi, le logement et l’éducation. Le responsable américain s’est également félicité de la levée de l’Etat d’urgence. Après l’étape algérienne, William Burns devait initialement se rendre au Maroc, mais ce premier itinéraire « a été modifié » à la dernière minute, selon des sources diplomatiques, précisant qu’il se rendra d’abord dans des pays d’Europe. Néanmoins, aucune destination européenne n’a été précisée « pour des raisons de sécurité ». Dans tous les cas la mission du sous-secrétaire d’Etat américain aux affaires politiques est entourée d’un secret total.