L’image de la France a été ternie aux yeux des Tunisiens par des maladresses notamment de la diplomatie et de la présidence françaises. Pour rectifier le tir, le président Nicolas Sarkozy a commencé par trouver un remplaçant à l’ambassadeur, Pierre Ménat, auquel on reproche de n’avoir rien vu venir de la «révolution du jasmin». Le nouveau titulaire de l’ambassade de France à Tunis n’est autre que, Boris Boillon, rappelé de toute urgence de Bagdad, où il était en poste depuis 2009.
Le nouvel ambassadeur a reçu pour consignes directement du président Sarkozy, de renouer les liens avec la société tunisienne et de lui faire oublier les décennies de complaisance de l’Elysée envers l’Etat policier honni du président déchu, Zine El Abidine Ben Ali. Alors qu’il s’attendait à être rappelé à l’Elysée, pour remplacer au poste de coordinateur du renseignement, Bernard Bajolet, nommé ambassadeur à Kaboul, Boris, 41 ans, n’a été informé de son « transfert » à Tunis, qu’à la veille de sa nomination. Arabisant, bon connaisseur du Maghreb et du Moyen-Orient, le petit Boris comme l’appelle Sarkozy, a déjà fait ses premiers pas dans le circuit diplomatique. Il a occupé les fonctions de consul général adjoint à Mascate, Alger et Jérusalem. Il a été aussi Conseiller diplomatique de Nicolas Sarkozy au ministère de l’Intérieur avant de rejoindre l’Elysée en mai 2007 en tant que Conseiller Afrique du Nord, Proche et Moyen-Orient. S’il avait été affecté à Bagdad pour préparer le terrain au retour des sociétés françaises en Irak, sa présente mission à Tunis est prioritairement d’ordre politique et diplomatique mais également économique vu les intérêts français dans ce pays. Le seul obstacle qui peut empêcher momentanément le jeune diplomate d’ouvrir le bal, c’est qu’il doit patienter peut-être pour un bon bout de temps avant de pouvoir remettre à qui de droit ses lettres de créances. Dans la confusion qui règne encore dans le paysage politique en Tunisie, le retour à la normale des institutions du pays n’est pas pour demain. Les manifestants poursuivent toujours leur mouvement protestataire pour réclamer le départ des hommes de Ben Ali du gouvernement en place. Boris Boillon est appelé à ouvrir une nouvelle page dans les relations franco-tunisiennes, mais il devrait pour l’instant s’armer de beaucoup de patience.