Les offres chinoises de venir au secours du Portugal et de l’Espagne qui croulent sous l’endettement, ne font pas sauter de joie tout le monde en Europe. Si les milieux politiques et économiques européens y voient une providentielle chance pour quelques pays du Vieux continent de maintenir la tête hors de l’eau, certains ne cachent pas leurs craintes de l’intrusion massive de la Chine. Ils n’hésitent d’ailleurs pas à qualifier le régime en place à Pékin d’autoritaire, malgré le vernis de l’ouverture économique.
Assise sur d’énormes réserves de changes, les plus importantes au monde avec plus de 2600 milliards de dollars à fin septembre 2010, la Chine a promis d’acheter directement des obligations du Portugal et de l’Espagne. Pékin se serait engagé à acquérir pour 6 milliards d’euros de dette espagnole. Ceci après avoir acheté pour des milliards d’euros de titres de la dette grecque. La Chine détiendrait déjà environ 7% des dettes publiques dans la zone euro. Face à cette intrusion sonnante et trébuchante, des voix en Europe décrient une démarche chinoise visant l’installation progressive d’une tête de pont en Europe pour servir une stratégie hégémonique de Pékin à plus long terme. D’ores et déjà, les dirigeants chinois commencent à réclamer discrètement, mais avec insistance, que l’Europe prenne des engagements pour la levée de l’interdiction sur l’exportation de la haute technologie à la Chine. En particulier, Pékin insiste sur la levée de l’embargo européen frappant les ventes d’armes sophistiquées à la Chine. Cela, sans compter l’exigence chinoise de ne pas s’immiscer dans ses affaires internes en matière de droits de l’homme. De quoi alarmer de nombreux défenseurs des droits humains, qui y voient une stratégie de Pékin pour disposer d’un redoutable levier politique en Europe.