Les relations entre Tripoli et Baghdad passent actuellement par une zone de turbulence qui risque fort à conduire à une rupture diplomatique. La haute autorité libyenne semble être vivement consternée par la position irakienne envers sa demande d’ouvrir une enquête indépendante autour de l’invasion américaine de l’Irak et l’exécution du président Saddam Hussein. Tripoli a également demandé l’inscription de la même question à l’ordre du jour du prochain sommet arabe, prévu en mars 2011 à Bagdad.
Têtu comme il est, le colonel Mouammar Kadhafi a allé au point d’appeler au boycott de ce sommet, expliquant que le fait de se réunir dans un pays occupé, serait contraire à la charte de la Ligue arabe. En plus, estime-t-il, aucun roi ou chef d’Etat arabe n’acceptera de prendre le risque de se rendre en Irak en raison de la situation qui prévaut dans ce pays. Le guide de la révolution libyenne propose comme alternative, la ville du Caire pour la tenue du prochain sommet arabe. C’est une ingérence inacceptable dans les affaires intérieures irakiennes, rétorque le chef de la diplomatie irakienne, Hoshyar Zebari. Pourtant une source proche de Seïf al-Islam Kadhafi, président de la fondation Kadhafi des œuvres caritatives, précise que le but de la démarche libyenne était d’aider le peuple irakien à faire valoir ses droits et à se rendre justice. Mais les dirigeants irakiens ne l’entendent pas de cette oreille. Le ministre des Affaires étrangères irakien s’est défendu dans une lettre officielle adressée au président de l’Assemblée Générale de l’ONU, dans laquelle il affirme que les mobiles de l’action libyenne sont politiques et n’ont rien à voir avec le droit humanitaire international ou la défense des droits de l’Homme. Le ministre kurde, Hoshyar Zebari, s’est en outre déclaré opposé à toute poursuite en justice, contre les responsables de l’invasion et la destruction de l’Irak. Il a de même affirmé que la demande libyenne d’inscrire le point relatif à l’ouverture d’une enquête sur l’invasion de l’Irak, à l’ordre du jour de la session actuelle de l’AG de l’ONU, menace la sécurité en Irak, encourage les ingérences extérieures, entrave les efforts de réconciliation nationale et risque de faire échouer le processus politique en cours en Irak. La chicane entre Kadhafi et Zebari ne fait que commencer, mais la note pour les relations entre les deux pays, risque d’être salée.