Il semblerait que même les lieux de culte ne soient pas épargnés par la rivalité algéro-marocaine. Cette fois-ci, cette dernière s’est manifestée autour du projet de la Grande mosquée de Marseille. Mais que se passe-t-il autour de ce projet, dont la première pierre a été posée en mai dernier ?
Depuis quelques semaines, cette affaire agite la cité phocéenne qui abrite près de 300.000 Musulmans. L’homme à l’origine de ce regain de tensions , n’est autre que l’Algérien Abderrahmane Ghoul qui a été élu le 26 juin dernier président de l’Association de la Mosquée de Marseille chargée de la réalisation de ce projet. Mais Alger le conteste et lui préférerait son compatriote Noureddine Cheikh.
Ghoul serait entré en disgrâce après avoir accepté de se présenter aux dernières élections du Conseil français de culte musulman (CFCM) à Marseille, dont il est l’actuel vice-président. Les musulmans algériens avaient boycotté cette élection, en guise de protestation contre le mode de scrutin jugé encore une fois favorable aux Marocains. En réalité, une longue bataille oppose les deux frères ennemis du Maghreb sur ce thème, les Algériens étant plus importants en nombre sur le territoire français, mais les marocains beaucoup plus assidus et présnets dans les instances musulmanes françaises.
Pour ne rien arranger, Abderrahmane Ghoul, en sa qualité de vice-président du CFCM, s’est fait la réputation d’être proche des Marocains du Rassemblement des Musulmans de France (RMF). Pourtant, quelques jours après son élection, le 15 juillet dernier, Abderrahmane Ghoul avait été reçu par Abdelaziz Belkhadem, ministre d’Etat et représentant personnel d’Abdelaziz Bouteflika, qui l’a assuré du soutien de l’Algérie et de sa participation au financement du projet, à hauteur de 300.000 euros, dont près de la moitié a déjà été débloquée. Quatre autres pays, dont le Maroc, se sont engagés à contribuer aux 22 millions d’euros que coûtera le projet.
Moins d’un mois et demi plus tard, Halim Benattallah, secrétaire d’État algérien à la communauté nationale à l’étranger, s’est déplacé le 2 septembre à Marseille, pour annoncer le gel de la contribution financière algérienne au projet ? Mystère. Qu’est-ce qui pourrait expliquer ces deux positions contradictoires sur un dossier aussi sensible ? En attendant l’achèvement des travaux de construction de la mosquée, dont le coût est estimé à 22 millions d’euros, les premiers appels à la prière sont prévus en 2011, voire 2012, si les rivalités ne l’emportent pas sur la raison.