La Tunisie reste égale à elle-même lorsqu’on évoque la condition de la femme. Avec un statut légal et social acquis depuis des décennies et sans cesse raffermi depuis, la femme tunisienne jouit de privilèges inaccessibles pour ses congénères dans de nombreux pays arabes et africains.
Cette image a été confortée par une récente étude de l’unité de recherche du magazine britannique The Economist. La Tunisie se voit ainsi classée au 44e rang mondial, sur un total de 113 pays, pour les opportunités économiques en faveur des femmes, et la première dans le monde arabe. Mais la réalité n’est pas aussi simple.
Car, si des femmes tunisiennes peuvent tirer fierté des facilités d’accès aux sources de financement et de l’environnement des affaires dont elles bénéficient, de nombreuses autres ne peuvent pas prétendre au même traitement. Une enquête de l’Union générale tunisienne du travail, rendue publique début juillet, établit que les femmes sont les plus touchées par le chômage. Avec un taux global élevé de quelque 14%, le chômage touche plus particulièrement les femmes (16%), selon l’enquête.
A ces difficultés économiques s’ajoute le problème des divorces. Un phénomène social qui prend des proportions inquiétantes, et dont la femme avec enfants, en est la première victime.
Quelque 11000 divorces sont enregistrés chaque année, et les médias, les familles, les tribunaux et les responsables se mobilisent pour essayer de freiner la contagion. Devant l’incapacité des juges à suivre le rythme, les autorités ont élaboré un projet de loi instituant des médiateurs officiels pour essayer de réconcilier les couples en crise et éviter la rupture définitive. Autant de problèmes qui rappellent que si en Tunisie, la femme bénéficie effectivement d’un statut légal et social privilégié par rapport à d’autres pays arabes, elle reste néanmoins confrontée à des aléas économiques et sociaux enracinés.