L’Angola s’apprête à franchir une étape stratégique majeure dans sa politique d’ouverture commerciale et d’intégration régionale en rejoignant la Zone de libre-échange (ZLE) de la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC). Une fois finalisée, cette adhésion fera du pays le 14ᵉ membre de ce cadre économique régional, qui vise à éliminer progressivement les barrières douanières entre les États membres et à stimuler les échanges intrarégionaux.
Ce rapprochement intervient à un moment charnière, alors que l’Angola cherche à diversifier son économie encore largement dépendante des hydrocarbures, et à accroître sa compétitivité sur les marchés africains. En accueillant récemment à Luanda un Forum de négociations commerciales (TNF), organisé avec le soutien technique et financier du gouvernement allemand (BMZ) et de l’Union européenne via la GIZ, le pays a affiché sa volonté d’accélérer son arrimage à l’espace économique régional.
Dhunraj Kassee, directeur du développement industriel et commercial au sein du Secrétariat de la SADC, a salué cette dynamique comme un tournant : « L’adhésion de l’Angola va renforcer la cohésion économique régionale. Elle permettra non seulement de réduire les droits de douane, mais aussi d’abolir les barrières non tarifaires qui freinent encore trop souvent la fluidité des échanges. »
Outre les bénéfices économiques attendus — accès élargi aux marchés voisins, réduction des coûts logistiques, stimulation des investissements — cette démarche pourrait également repositionner l’Angola comme un acteur clé dans les chaînes de valeur régionales, notamment dans les secteurs de l’agro-industrie, des matériaux de construction, et de la logistique portuaire.
La ratification de l’adhésion angolaise est attendue lors des prochaines réunions du TNF et du Comité des ministres du commerce de la SADC, prévues respectivement en mai et juin 2025. Une fois approuvée, elle ouvrira la voie à la mise en œuvre complète des engagements commerciaux.
Créée en 2008, la Zone de libre-échange de la SADC s’inscrit dans un projet plus vaste d’intégration économique continentale. Elle est une composante essentielle de la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf), qui vise à bâtir un marché commun africain fort de plus d’un milliard de consommateurs, en rationalisant les politiques commerciales et en favorisant la circulation des biens, des services et des capitaux.
Pour l’Angola, cette adhésion n’est pas qu’un choix économique : elle traduit également une volonté politique d’arrimer durablement le pays à la dynamique régionale, après des décennies de repli dues aux conflits internes et à une économie extractive peu ouverte. C’est aussi une invitation à repenser le rôle de l’Angola au sein de l’Afrique australe — non plus uniquement comme exportateur de pétrole, mais comme partenaire commercial à part entière.