Un gouvernement parallèle intronisé par la chambre des députés de Tobrouk (Est libyen) et qui s’efforce d’évincer l’exécutif déjà en place à Tripoli, a prêté serment hier jeudi.
La Libye, déjà minée par les divisions entre institutions concurrentes à l’Est et à l’Ouest, s’enfonce un peu plus encore dans une crise institutionnelle qui rappelle les heures les plus sombres de la guerre civile qui a éclaté en 2011 à la suite de l’éviction du régime de Kadhafi.
Fathi Bachaga, le Premier ministre désigné par le Parlement et ex-ministre de l’Intérieur de 2018 à début 2021, et une partie de son équipe ont prêté serment devant les députés à Tobrouk.
Ce gouvernement, qui projette de s’installer à Tripoli et qui est le fruit d’âpres négociations notamment avec le clan du maréchal Haftar, compte 29 ministres, trois vice-Premiers ministres et six ministres d’Etat.
Le Parlement de Tobrouk a désigné le 1er mars dernier, Fathi Bachaga au poste de Premier ministre par 92 voix des 101 députés présents. Ce vote à main levée orchestré par Aguilah Saleh, un cacique de l’Est libyen, a été contesté par l’actuel Premier ministre, Abdelhamid Dbeibah qui parle de « fraude évidente dans le décompte des voix ». Certains membres affirment que leur vote a été enregistré alors qu’ils étaient absents.
Le gouvernement intérimaire d’Abdelhamid Dbeibah, désigné dans le cadre d’un processus de paix parrainé par l’ONU, avait un mandat qui courait jusqu’au 24 décembre 2021, date fixée pour l’élection présidentielle qui n’a toujours pas eu lieu.
Le Parlement élu en 2014, estime que ce retard des élections a mis fin de fait au mandat d’Abdelhamid Dbeibah, mais celui-ci refuse de quitter le pouvoir avant la tenue d’élections législatives qu’il annonce pour juin.
En pleine guerre civile, la Libye avait déjà été dirigée entre 2014 et 2016 par deux Premiers ministres rivaux à l’Ouest et à l’Est. Une reprise des hostilités après une relative accalmie depuis fin 2020, est donc à craindre. Selon une agence de presse occidentale, «des groupes armés opposés se sont mobilisés dans la capitale au cours des dernières semaines ».