Réunie en sommet hier jeudi, l’Union européenne a durci ses sanctions contre la Russie après son invasion de l’Ukraine, mais sans toutefois aller jusqu’à exclure le pays du système d’échanges bancaires internationaux Swift.
L’Union européenne va notamment limiter drastiquement l’accès de la Russie aux marchés de capitaux européens, entravant et renchérissant le financement de sa dette. Dans une démarche coordonnée, les Etats-Unis et l’Europe ont décidé d’interdire à la Russie de lever de nouvelles dettes quelle que soit la devise, sur leurs marchés.
L’idée est d’asphyxier financièrement la Russie et la priver durablement de ressources étrangères. Le résultat peut à court terme peser sur la valeur du rouble, et par ricochet sur le pouvoir d’achat des consommateurs russes notamment pour les produits importés.
L’Union européenne a aussi décidé de réduire l’accès de la Russie à des « technologies cruciales », en la privant de composants électroniques et de logiciels, de façon à « pénaliser gravement » son économie. Il y a notamment une interdiction d’exporter vers la Russie des avions, pièces et équipements de l’industrie aéronautique et spatiale, ainsi que des technologies de raffinage pour l’industrie pour l’industrie pétrolière.
Mais l’Union européenne n’a pas accédé à la demande du président ukrainien Volodymyr Zelensky de bloquer l’accès de la Russie au système de messagerie bancaire Swift pour l’isoler financièrement du reste du monde, comme cela avait été fait pour l’Iran fin 2019.
Avec actuellement quelque 300 banques et institutions russes qui utilisent ce système pour leurs transferts de fonds interbancaires, ce levier est sans conteste le plus pénalisant pour la Russie, mais aussi pour les Occidentaux. Plusieurs Etats européens pourraient se retrouver brutalement privées d’approvisionnements en gaz.
Mais l’efficacité des sanctions prises jusque-là reste sujette à caution. La Russie dispose d’un véritable pactole avec une réserve de change estimée à près de 560 milliards d’euros et un fonds souverain d’environ 160 milliards d’euros, ce qui devrait lui permettre d’amortir le choc des sanctions pendant un certain temps. Et le pays peut aussi très bien se tourner et se rapprocher d’autres partenaires comme la Chine pour trouver des financements.