Les chefs d’Etat et de gouvernements de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), réunis à huis-clos en sommet extraordinaire à Accra, au Ghana, ont décidé hier dimanche de fermer les frontières avec le Mali et de mettre le pays sous embargo, pour sanctionner l’intention de la junte de prendre le pays «en otage» en se maintenant au pouvoir sans élection pendant des années.
Dans un communiqué lu à l’issue du sommet, la Cédéao annonce avoir décidé de fermer les frontières avec le Mali au sein de l’espace sous-régional et de suspendre les échanges commerciaux autres que les produits médicaux et de première nécessité, les produits pétroliers et l’électricité.
Elle a aussi décidé de couper ses aides financières au Mali et de geler ses avoirs à la BCEAO (Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest). Les pays membres vont également rappeler leurs ambassadeurs accrédités au Mali, théâtre de deux coups d’Etat militaires en août 2020 et puis en mai 2021.
Ces sanctions prennent effet immédiat et ne seront levées progressivement que lorsque les autorités maliennes présenteront un calendrier «acceptable» pour des élections et que des progrès satisfaisants seront observés dans sa mise en œuvre.
Les décisions de la Cédéao interviennent en représailles contre la proposition de la junte malienne au pouvoir depuis août 2020, d’organiser en décembre 2026 au lieu du 27 février prochain, l’élection présidentielle et les législatives qui auraient ramené les civils à la direction du pays.
La junte a déclaré être dans l’incapacité d’organiser des élections présidentielle et législatives comme prévu, invoquant l’insécurité persistante dans le pays en proie aux violences, notamment djihadistes et intercommunautaires.
Les sanctions annoncées hier sont encore plus rigoureuses que celles adoptées par la CEDEAO après le premier putsch d’août 2020 et qui, en pleine pandémie, avaient été durement ressenties au Mali, un pays enclavé et parmi les pays les plus pauvres du monde.
La Cédéao avait suspendu le Mali de ses organes de décision et imposé un gel de leurs avoirs financiers et une interdiction de voyager à 150 personnalités, coupables, selon elle, de faire obstruction aux élections, des sanctions qui restent en vigueur.