Pour la première depuis le début de la guerre en Syrie en 2011, le ministre des Affaires étrangères des Emirats arabes unis, Abdallah ben Zayed al-Nahyane qui effectue une visite officielle, en Syrie, a été reçu hier mardi à Damas par le président syrien Bachar al-Assad.
Cette visite confirme une accélération de la normalisation des relations entre la Syrie et des pays arabes qui avaient activement soutenu la rébellion.
Le ministre émirati qui est accompagné d’une délégation de son pays, a eu des entretiens avec le chef de l’Etat syrien qui se sont axés sur «les relations bilatérales entre les deux pays frères et le développement de la coopération dans divers domaines d’intérêt commun », rapporte l’agence de presse syrienne Sana.
La normalisation entre la Syrie et les Emirats arabes unis a été amorcée en décembre 2018 avec la réouverture de l’ambassade des Emirats à Damas, et confirmée avec les appels téléphoniques entre Bachar al-Assad et le prince héritier d’Abou Dhabi, en mars, puis le roi de Jordanie, en octobre.
Ce fléchissement de la position d’Abou Dhabi concorde avec la position des pays du Golfe, l’Arabie saoudite en tête, pour qui l’une des priorités actuelles est de contrer l’influence de la Turquie, avec qui ils se disputent le leadership du monde sunnite.
Et en réintégrant Damas dans le giron diplomatique arabe, les Etats de la région espèrent potentiellement permettre au régime syrien de devenir moins dépendant de la République islamique d’Iran.
Par ailleurs, alors que les rencontres entre des hommes d’affaires syriens et émiratis se sont multipliées au cours de ces dernières années, les Emirats arabes unis espèrent décrocher les juteux contrats liés à la reconstruction de la Syrie. Les Emirats sont le principal partenaire commercial de la Syrie et représentent 14% de son commerce international.
Pour la Syrie, très isolée durant la dernière décennie et qui a désespérément besoin de commerce et d’investissements étrangers pour relancer son économie, une relation plus forte avec Abou Dhabi, un partenaire proche de Washington et d’autres gouvernements occidentaux, pourrait éventuellement aider le gouvernement syrien à améliorer sa position sur l’arène internationale.
Mais Washington, qui a imposé des sanctions à la Syrie, reste officiellement opposé aux efforts visant à normaliser les liens avec la Syrie ou à la réhabiliter jusqu’à ce que des progrès soient réalisés vers une solution politique au conflit syrien.