Des documents internes divulgués le week-end dernier par le Wall Street Journal, le New York Times et le Washington Post suggèrent que Facebook serait conscient de la présence grandissante de contenus haineux visant la communauté musulmane indienne, mais qu’il n’aurait pas déployé les moyens suffisants pour mettre fin à ces pratiques.
Ces documents ont été récupérés par la lanceuse d’alerte Frances Haugen. Les médias américains rapportent que l’attitude du réseau social s’inscrit dans le sillage de ce que dénonce plus généralement la lanceuse d’alerte : Facebook connaît et étudie les problèmes et choisit, en bonne partie, de les ignorer ou de ne pas consacrer suffisamment de ressources pour les circonscrire.
Le Wall Street Journal raconte qu’un rapport des propres chercheurs de Facebook datant de juillet 2020, a démontré que la part de contenus incendiaires en Inde, est montée en flèche à partir de décembre 2019, que «les rumeurs et appels à la violence se sont particulièrement propagés» sur WhatsApp en février 2020, quand des affrontements entre la majorité hindoue et la minorité musulmane ont fait plusieurs dizaines de morts.
Le Washington Post affirme que le groupe dédie la grande majorité du budget affecté à la lutte contre la désinformation aux Etats-Unis, quand bien même ils représentent moins de 10% des utilisateurs, tout en étant conscient qu’une politique de modération plus faible dans les pays non-anglophones rend la plateforme vulnérable aux abus de personnes mal intentionnées et de régimes autoritaires.
L’influence du groupe en Inde avait déjà été pointée du doigt en 2020 après des révélations du Wall Street Journal l’accusant d’une certaine complaisance envers le pouvoir nationaliste hindou afin de ne pas nuire à ses intérêts commerciaux, l’Inde étant le plus gros marché de Facebook avec 340 millions d’utilisateurs.
De son côté, Facebook, régulièrement critiqué pour se préoccuper surtout des contenus en langue anglaise, préfère mettre en avant ses efforts déployés ces dernières années pour lutter contre les contenus problématiques, avec notamment la mobilisation de plus de 15.000 personnes qui surveillent les contenus dans plus de 70 langues, dont 20 parlées en Inde.