Le chef du gouvernement espagnol, Pedro Sanchez a annoncé hier lundi, dans un discours prononcé au théâtre de Liceu à Barcelone, que son gouvernement allait gracier ce mardi les neuf indépendantistes catalans condamnés à la prison pour la tentative de sécession de 2017.
La sortie de prison des indépendantistes emprisonnés, qui bénéficiaient déjà d’un régime de semi-liberté, est attendue pour dans les jours à venir.
Mais cette grâce, au nom de la « réconciliation », divise le pays. Selon un récent sondage de l’institut Ipsos, 53% des Espagnols y sont opposés alors qu’une large majorité, 68%, y est favorable en Catalogne. Elle est vivement rejetée, aussi bien par une partie des indépendantistes que par l’opposition de droite.
Les indépendantistes exigent une amnistie effaçant totalement le délit car « organiser un référendum ne peut pas être un délit » selon le président régional catalan, Père Aragonès.
De son côté, l’opposition de droite accuse le Premier ministre socialiste de n’accorder cette grâce que dans le but de se maintenir au pouvoir, son gouvernement minoritaire étant soutenu par une partie des indépendantistes.
En Catalogne, la société est toujours profondément divisée quatre ans après la crise de 2017. La tentative de sécession de cette riche région du nord-est de l’Espagne a constitué l’une des pires crises politiques qu’ait vécues l’Espagne depuis la fin de la dictature franquiste en 1975.
Bravant l’interdiction de la justice, le gouvernement régional de l’indépendantiste Carles Puigdemont avait organisé un référendum d’autodétermination, émaillé de violences policières. Quelques semaines plus tard, le parlement régional avait unilatéralement proclamé l’indépendance de la région.
Dans la foulée, le gouvernement espagnol, contrôlé par les conservateurs, avait destitué le gouvernement régional et mis la région sous tutelle. Poursuivis par la justice, neuf des ex-membres du gouvernement régional ou des dirigeants d’organisations séparatistes avaient quitté l’Espagne, comme Carles Puigdemont après avoir été condamnées à des peines de prison allant de 9 à 13 ans, pour sédition en octobre 2019.