Le rapport de la « Commission d’enquête internationale pour le Mali » remis aux membres du Conseil de sécurité de l’ONU a fuité dans la presse. L’on sait ainsi que les groupes armés, aussi bien terroristes que signataires des accords de pais, des milices et l’armée malienne sont accusés de crimes contre l’humanité.
Les experts internationaux indépendants de cette Commission ont fait état de quelque 140 exactions sur une période six ans, de janvier 2012, quand des groupes armés indépendantistes combattaient l’armée malienne, à janvier 2018. Par exemple, le 24 janvier 2012, une centaine de soldats ont été massacrés par une coalition de groupes indépendantistes et terroristes.
D’austres violations des droits de l’homme sont largement documentées : massacres, meurtres, actes de tortures et violes, ces abus commis par toutes les parties du conflit, dont l’armée, constituent, selon la commission d’enquête, des crimes de guerre. L’armée malienne se serait rendue coupables d’assassinats et d’actes de torture en parallèle de certaines opérations, notamment à Diabali où 16 civils ont été assassinés en septembre 2012.
En 2012-2013, les forces de sécurité et de défense se sont rendus coupables d’ »assassinats » visant « particulièrement les membres des communautés touareg et arabe », les associant aux rebelles indépendantistes et aux groupes djihadistes. Et avec l’apparition en 2015 d’un groupe djihadiste emmené par le prédicateur peul Amadou Koufa, les Peuls du centre du Mali ont subi des représailles, visés de plus en plus par les forces armées maliennes.
Les experts de l’ONU accusent également de crimes de guerre plusieurs signataires de l’accord de paix, dont les ex-rebelles du Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA) et le groupe pro-gouvernemental Gatia, mais également d’autres acteurs du conflit, notamment des groupes armés djihadistes, ou encore la milice Dan Nan Ambassagou, qui s’est érigée en défenseure des Dogons dans le centre du Mali, qui lui est notamment accusée de massacres de villageois peuls.
Ce rapport de près de 350 pages, qui est divulgué alors que des colonels ont renversé le 18 août le président Ibrahim Boubacar Keita et que les putschistes gardent le contrôle des principaux organes de la transition censée ramener les civils au pouvoir après dix-huit mois de transition.
Les auteurs du rapport recommandent enfin la création d’une Cour spécialisée dans les crimes internationaux pour juger les mis en cause au Mali e pays qui est plongé dans la crise depuis 2012.