Les autorités françaises ont confirmé hier mercredi l’arrestation depuis le mois de juin du chercheur Roland Marchal. Cela porte à deux, avec la franco-iranienne Fariba Adelkhah, le nombre de scientifiques français emprisonnés en Iran.
Les deux chercheurs, membres du CERI (Centre de recherches internationales) de Sciences Po et qui sont également amis, ont été arrêtés, selon Téhéran, pour atteintes à la sécurité nationale, un motif que récusent tous les proches du couple. Ils ont été arrêtés de façon concomitante, mais pas ensemble, elle à son domicile, lui à son arrivée à l’aéroport en provenance de Dubaï.
Le 16 juillet, Téhéran reconnaissait avoir arrêté l’anthropologue franco-iranienne Fariba Adelkhah en Iran, où elle vivait et travaillait. Mais aucune déclaration n’avait été faite sur l’arrestation au même moment de Roland Marchal.
Le Quai d’Orsay avait demandé aux chercheurs informés de ne pas rendre publique cette information pour ne pas compliquer les négociations en cours. Mais mardi, le journal Le Figaro rompait le silence en révélant l’arrestation de Roland Marchal, spécialiste des guerres civiles en Afrique subsaharienne.
Depuis quatre mois maintenant, les deux chercheurs sont emprisonnés dans la célèbre prison d’Evin, à Téhéran, dans des conditions difficiles. A la différence de son amie qui est considérée par Téhéran comme une ressortissante iranienne, la République islamique ne reconnaissant pas la double nationalité, Roland Marchal a bénéficié d’une assistance consulaire et ses conditions de détention se seraient récemment améliorées depuis la visite d’un avocat selon des proches. Paris évoque « une situation inacceptable » et dit mettre tout en œuvre pour la libération des deux chercheurs.
Fariba Adelkhah et Roland Marchal sont considérés par de nombreux chercheurs comme des « prisonniers scientifiques ». Le 9 octobre, la France a diffusé une mise en garde aux ressortissants français contre tout projet de voyage en Iran, « en raison notamment des pratiques d’arrestation et de détention arbitraires de la part des services de sécurité et de renseignements iraniens ». Téhéran semble s’en servir comme moyens de pression pour des négociations avec les puissances occidentales.
Ces arrestations interviennent alors que la France tente de jouer un rôle d’intermédiaire dans la crise ouverte entre l’Iran et les Etats-Unis depuis que le président américain Donald Trump a dénoncé en mai 2018 l’accord international sur le nucléaire iranien signé trois ans auparavant, et réintroduit de lourdes sanctions économiques contre Téhéran.