La société EPH du milliardaire tchèque Daniel Kretinsky a annoncé discrètement lundi dernier des négociations exclusives en vue de racheter les activités françaises du allemand Uniper. L’offre d’EPH, contrôlée et présidée par Daniel Kretinsky, vise notamment deux centrales à charbon à Gardanne et en Moselle.
La logique de ces acquisitions est difficile à percevoir au premier abord. Dans le cadre de la programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE), le président français Emmanuel Macron a confirmé fin novembre la fermeture d’ici à 2022 des quatre centrales à charbon encore actives sur le sol français. C’est cette perspective qui, dès juin dernier, a amené Uniper à envisager cette cession.
Mais rien ne garantit que ces centrales à charbon fermeront effectivement en 2022, dans le cas où, par exemple, la France viendrait à avoir des soucis d’approvisionnement en électricité. Elles peuvent être très rentables pendant leur sursis. Et puis, EPH s’est spécialisé dans la négociation d’indemnités avec les pouvoirs publics pour tirer le meilleur prix possible de la fermeture des infrastructures.
Mais surtout, l’opération permettrait à EPH, sixième groupe d’énergie en Europe déjà présent, en dehors de la République tchèque, en Italie, en Allemagne et au Royaume-Uni, de prendre fermement pied en France. Les actifs d’Uniper dans le pays, en plus des deux centrales à charbon, comptent six parcs éoliens et deux centrales solaires qui seraient récupérés par l’énergéticien tchèque, ainsi que deux centrales à gaz qui, elles, devraient être revendues dans un second temps à Total.
En visant les activités françaises d’Uniper, Daniel Kretinsky chercher à pousser ses pions un peu plus loin en France. Le milliardaire tchèque, cinquième fortune de son pays, a déjà investi dans la presse hexagonale en rachetant il y a deux mois les hebdomadaires Elle et Marianne ainsi que des parts minoritaires dans le journal Le Monde.