C’est en des termes très crus que la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH), a condamné hier jeudi, les autorités russes suite aux arrestations et peines de détention répétées infligées depuis des années, à l’opposant Alexeï Navlany, estimant qu’elles répondaient avant tout à un «mobile politique».
La haute juridiction européenne estime que ces arrestations et les peines de détention infligées depuis des années à l’opposant russe Alexeï Navalny ont pour but «d’étouffer le pluralisme politique» dans le pays et de «museler l’opposition».
Dans ce jugement qui n’est susceptible d’aucun appel, le gouvernement russe est notamment condamné à verser à Alexeï Navalny 50.000 euros pour dommage moral ainsi que 1.025 euros pour dommage matériel.
La CEDH inflige de la sorte un sévère camouflet aux dirigeants du Kremlin. C’est la première fois en effet depuis l’accession du président Vladimir Poutine au pouvoir que les juges qui siègent à Strasbourg, accolent clairement le qualification «politique» à une affaire impliquant un dissident russe.
Ni le Kremlin, ni aucun officiel russe n’ont émis le moindre commentaire sur ce jugement. Alexeï Navalny a de son côté salué une décision qui a une «signification énorme pour les très nombreuses personnes qui subissent des arrestations tous les jours en Russie».
Alexeï Navalny, dont le nom n’est jamais prononcé en public par le président russe, a été interpelé à sept reprises en tout, entre 2012 et 2014 et incarcéré à deux reprises pour avoir participé à des rassemblements et des manifestations pacifiques réprimées par les forces de l’ordre dans la période mouvementée qui avait suivi l’élection à un troisième mandat de Vladimir Poutine.
L’opposant russe avait saisi la CEDH au printemps de cette année qui avait condamné la Russie pour des violations de droit, mais sans conférer de motivation «politique» à ces violations, ce qui est chose faite maintenant après qu’Alexeï Navalny ait fait appel.