L’envoyé spécial des Nations Unies en Libye, Ghassan Salamé, n’a pas caché dans déclarations à la presse, son scepticisme sur la possibilité d’organiser les élections générales en décembre en Libye, conformément au planning adopté à Paris, à cause des violences et des retards dans le processus législatif en cours.
« Il y a encore énormément à faire. Il se peut qu’on ne puisse pas respecter la date du 10 décembre» pour la tenue de ce scrutin, a déclaré Ghassan Salamé samedi soir, au siège de la Mission de l’ONU en Libye (MANUL) à Tripoli.
Rappelons que les quatre principaux protagonistes de la crise libyenne, réunis fin 2017 à Paris, autour du chef d’Etat français, Emmanuel Macron, s’étaient engagés à tenir des élections générales à la date du 10 décembre prochain. Celles-ci sont censées mettre un terme au chaos qui a pris place en Libye depuis le déclin du régime de l’ex-dirigeant, Mouammar Kadhafi, en 2011.
A l’heure actuelle, ce pays maghrébin est administré par deux entités adverses, en l’occurrence le Gouvernement d’union nationale (GNA) reconnu par la communauté internationale et basé à Tripoli et une autorité rivale installée dans l’Est, appuyée par un parlement et une armée dirigée par le maréchal Khalifa Haftar.
En outre, des dizaines de groupes armés font la loi en Libye. Ces milices s’affrontent pour élargir leur sphère d’influence ou défendre leur territoire.
Fin août dernier, des milices armées ont essayé d’entrer dans la capitale libyenne, mais ont été repoussées par les groupes d’autodéfense de cette ville. Ces affrontements qui n’ont pris fin que la semaine dernière, suite à un accord de cessez-le-feu sous la direction de l’ONU, ont fait au moins 117 morts.
Selon Salamé, ces heurts ont compromis le calendrier électoral qui «devient difficile (à respecter) aussi pour d’autres raisons», comme le retard dans l’adoption des lois électorales.
Par ailleurs, l’émissaire onusien a évoqué des problèmes «logistiques», suite à une attaque djihadiste en mai dernier qui a fait des dégâts considérables au niveau du siège de la Commission électorale à Tripoli. Celle-ci doit bientôt déménager dans de nouveaux locaux, à en croire la même source. Tout cela a donc retardé ses préparatifs pour le scrutin.