Dans sa première interview télévisée depuis sa prise de fonction le 2 juin dernier, le nouveau Premier ministre espagnol Pedro Sanchez a promis que son gouvernement allait retirer les restes du dictateur Francisco Franco de son mausolée près de Madrid pour en faire un lieu de « réconciliation » et non « d’apologie de la dictature ».
Vainqueur d’une sanglante guerre civile entre 1936 et 1939, Francisco Franco a été chef de l’Etat espagnol entre 1939 et 1975. Il est inhumé à la « Valle de los caidos » (Vallée de ceux qui sont tombés), un complexe monumental commémorant la guerre civile que Franco avait imaginé et fait construire, à 50 kilomètres à l’est de Madrid, près de l’autel de la basilique surmontée d’une croix de pierre de 150 mètres de haut. Au nom d’une prétendue « réconciliation » nationale, Franco y avait par ailleurs transféré les restes de plus de 33 000 victimes, nationalistes et républicaines, de la guerre civile, généralement sans même en avertir les familles. Mais dans le pays, le débat reste entier sur le travail de mémoire, et, alors que les plaies sont loin d’être refermées, la « Valle de los caidos » continue de diviser. Le mausolée, construit en parti entre 1941 et 1959 par des prisonniers républicains, contraints, et parfois morts sur le chantier, abrite également les restes du fondateur du parti fascisant de La Phalange, Jose Antonio primo de Rivera.
En 2017, le Parlement avait déjà demandé dans une résolution l’exhumation des restes du dictateur qui seraient remis à sa famille, et la transformation du mausolée de la « Valle de los caidos » en « mémorial des victimes du fascisme ». La proposition de loi prévoyait aussi la création d’une « commission de la vérité » ou de l’annulation des décisions de justice prises durant la dictature pour des raisons politiques.