L’avis de l’avocat général de la Cour de Justice de l’UE (CJUE) émis mercredi et préconisant l’invalidation de l’accord de pêche entre le Maroc et l’Union Européenne, même s’il est non contraignant, constitue « une interprétation politique » en lien direct avec l’affaire du Sahara, estiment les observateurs.
Cette orientation politique donnée à un avis censé être juridique est trahie par la hâte avec laquelle l’avocat général Melchior Whatlet a émis son avis. Rendu public mercredi, l’avis est intervenu trois jours seulement après une recommandation formulée par la Commission européenne de Bruxelles au Conseil de l’UE. La recommandation préconise l’ouverture, dans les prochaines semaines, de négociations avec le Maroc sur le renouvellement de l’accord de pêche, qui arrive à échéance le 14 juillet 2018.
L’argument de Bruxelles est que les retombées de l’accord de pêche de 2014 profitent essentiellement à la population locale au Sahara. Un rapport élaboré par la Direction des Affaires maritimes de la Commission européenne, précise clairement que «75% des impacts socio-économiques de l’accord de pêche sont au bénéfice des régions de Dakhla-Oued Eddahab et de Laâyoune-Boujdour-Sakia El Hamra». C’est à dire aux régions sud du Maroc au Sahara, contrairement à ce que prétend le Polisario, le front séparatiste soutenu par l’Algérie.
Sur la base de cette évaluation également bénéfique pour la flotte de pêche européenne, la Commission européenne a transmis le rapport au Parlement européen et au Conseil de l’UE en recommandant vivement le renouvellement de l’accord. La Commission de Bruxelles y affirme que l’accord de pêche représente «un instrument de coopération approfondie avec le Maroc, (qui est) fortement impliqué dans la coopération Sud-Sud» et permettra de «compléter ses actions en faveur de la durabilité des stocks au sein des organisations régionales de pêche».
Cette position de l’UE a été confirmée par la vice-présidente de la Commission européenne, Federica Mogherini, dont une porte-parole a considéré mercredi 10 janvier l’avis de l’avocat général de la CJUE de simple « opinion ».
« Dans l’attente de la décision finale de la Cour de justice, nous nous abstenons de commenter l’affaire ou son issue.
« L’Union européenne rappelle que le Maroc est un partenaire clé dans son voisinage méridional, avec lequel nous avons développé un partenariat riche et varié sur une période de plusieurs années. Notre volonté est non seulement de préserver la relation privilégiée que nous partageons, mais aussi de la renforcer », a souligné le porte-parole de la Commission européenne en réaction à « l’opinion » de Melchior Whatlet.