La procureure de la Cour pénale internationale (CPI), Fatou Bensouda a lancé un cri d’alarme devant le Conseil de sécurité de l’ONU sur la situation des migrants en Libye, qui serait devenue un «marché» pour la traite d’êtres humains.
Elle a annoncé son intention d’ouvrir bientôt une enquête sur les crimes, tortures, enlèvements et violences sexuelles dont seraient victimes les migrants dans ce pays sur la base d’informations collectées par son bureau.
Pour son treizième rapport présenté devant le Conseil de sécurité lundi dernier sur la situation en Libye, Fatou Bensouda s’est dit «profondément alarmée par les informations selon lesquelles des milliers de migrants vulnérables, notamment des femmes et des enfants, seraient détenus partout dans le pays dans des conditions très souvent inhumaines».
Le trafic d’êtres humains dont il est question, selon la procureure de la CPI, pourrait favoriser les groupes terroristes et le crime organisé. Mais l’enquête que Fatou Bensouda a dit envisager sur ce dossier ne pourra être entamée que si les critères juridictionnels sont remplis et s’il est établi que l’affaire relève des compétences du tribunal de La Haye.
Parmi les témoignages recueillis par la CPI figure celui livré en mars dernier par Fabienne Lassalle, membre du Conseil d’administration de l’association SOS Méditerranée dont le navire Aquarius a permis le sauvetage de plus de 9 660 migrants en danger au milieu de la mer Méditerranée.
Ce témoignage révélait que la plupart des migrants secourus en mer étaient venus en Libye pour y travailler ou rejoindre de la famille, et seulement dans une moindre mesure pour partir vers l’Europe.
Mais une fois en Libye, beaucoup d’entre eux tombent entre les mains d’employeurs sans scrupules qui ne les payent pas souvent et vont parfois jusqu’à les menacer pour extorquer de l’argent à leur famille dans leurs pays d’origine. Ce réseau de trafic d’êtres humains comprendrait même des camps de rétention et de torture établis sur le territoire libyen.