Les élus de la Chambre des communes ont publié mercredi dernier un rapport dans lequel ils critiquent très sévèrement l’engagement de leur pays et de la France en Libye en 2011 qui avait abouti au renversement du régime Kadhafi.
Les députés estiment que la menace sur les civils était surévaluée et que l’identification des factions islamistes radicales au sein de la rébellion a été négligée. L’alliée du Royaume-Uni lors de cette intervention, la France, est particulièrement critiquée par les Parlementaires britanniques. Ces derniers soutiennent que les décisions prises en France ont grandement influencé la stratégie britannique et ils n’hésitent pas à remettre en cause le bien-fondé de ces décisions. Un mail envoyé par Sidney Blumenthal, un conseiller non-officiel proche des Clinton, à Hillary Clinton le 2 avril 2011, soit après le début de l’intervention française le 19 mars, affirme que, selon des « responsables du renseignement français », les plans de Nicolas Sarkozy sont guidés par la volonté de « remporter une plus grande part de la production pétrolière libyenne », « renforcer l’influence française en Afrique du Nord », « améliorer sa situation politique en France », « donner aux militaires français une opportunité de réaffirmer leur position internationale » et « répondre aux inquiétudes de ses conseillers sur l’objectif de Kadhafi de supplanter la France comme puissance dominante ». Le document confidentiel a été déclassifié par le Département d’Etat américain l’an dernier.
Les députés britanniques n’ont pas manqué de souligner le fait que, en plus de l’échec de l’accompagnement de la Libye après la chute du régime Kadhafi, la coalition qui est intervenue en Libye, en laissant passer les armes du Golfe à destination de la Libye et en bombardant les centres de commandement militaires libyens, a outrepassé son mandat accordée par la résolution 1973 qui avait pour vocation la protection des civils. Les autorités britanniques traversent une période délicate car le rapport de mercredi sur la Libye est publiée deux mois après le dévastateur rapport Chilcot qui a fustigé l’ancien Premier ministre Tony Blair pour son engagement dans la guerre contre Saddam Hussein en 2003.