Salah Abdeslam, le suspect-clé et dernier membre vivant du commando qui a mené les attentats de novembre dernier à Paris, a réclamé hier mercredi, à l’ouverture de l’audience devant le tribunal administratif de Versailles, la suspension du dispositif de vidéosurveillance permanent de sa cellule qui porte selon lui atteinte à ses droits fondamentaux.
Salah Abdeslam est détenu dans une celle d’isolement spécialement aménagée à Fleury-Mérogis, en région parisienne, la plus grande prison d’Europe. Considéré à juste titre comme le détenu le plus surveillé de France, il fait l’objet d’une surveillance permanente à l’aide d’une demi-douzaine de caméras.
Ce dispositif a été autorisé par un arrêté du gouvernement le 17 juin dernier pour une durée de trois mois dans le but de prévenir l’évasion ou le suicide du prévenu et qui pourraient «avoir un impact important sur l’ordre public », de détenus placés à l’isolement.
Mais selon Salah Abdeslam et son avocat Frank Berton, ce système, dont ils contestent la légalité, est une atteinte grave à sa vie privée. La défense juge donc l’arrêté ministériel illégal au regard de l’article 8 de la Convention européenne des droits de l’homme relative au droit au respect de la vie privée et estime que des mesures comme celles appliquées à Salah Abdeslam doivent être encadrées par la loi et non par un simple arrêté. De plus, toujours selon la défense, la surveillance permanente du détenu le fragilise psychologiquement et renforce le risque de suicide qu’il entend combattre.
La cour doit se prononcer vendredi prochain sur cette requête. Mais le ministre français de la Justice, Jean-Jacques Urvoas a aussitôt riposté à cette demande en se disant prêt à présenter une loi pour donner «un fondement juridique suffisant» à la vidéosurveillance en prison si la justice devait ordonner la levée du dispositif de la cellule de Salah Abdeslam.